Les remaniements passent, les soutiens s’effacent
Depuis son élection en mai 2017, Emmanuel Macron a déjà « perdu » 14 ministres et de nombreux conseillers
Des choix « consanguins » et un chef de l’Etat « isolé ». L’arrivée de trois nouveaux ministres (Amélie de Montchalin, Sibeth Ndiaye et Cédric O), dimanche, a suscité de vives critiques à gauche et à droite. Au-delà de ce nouveau mini-remaniement, certains observateurs s’inquiètent de l’actuel turnover, jugé trop important au sein des équipes gouvernementales.
Le départ des poids lourds. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, 14 ministres et secrétaires d’Etat ont quitté leur fonction. Le premier à annoncer publiquement son départ était le principal allié du candidat d’En marche ! lors de la présidentielle : François Bayrou. Nommé garde des Sceaux, il a été contraint à la démission le 21 juin 2017, car visé par une enquête préliminaire dans l’affaire des assistants parlementaires. Plus d’un an après, Gérard Collomb lui a emboîté le pas en quittant un autre ministère régalien : celui de l’Intérieur. « Le départ de ces ministres “à l’ancienne”, euxmêmes leaders parlementaires, traduit une réorganisation autour du chef de l’Etat, qui ne tolère pas une trop forte autonomie des ministres », relève Olivier Rouquan, politologue et chercheur associé au Cersa (Centre d’études et de recherches de sciences administratives et politiques).
La fuite de la société civile. Autre vague de départs remarquée, celles de « figures » de la société civile : Nicolas Hulot (Transition écologique et solidaire), Laura Flessel (Sports), Françoise Nyssen (Culture). Le signe du début d’un « resserrement » de l’équipe gouvernementale autour de fidèles du président.
La fin des « mormons ». Au sein du groupe de fidèles du chef de l’Etat, surnommés les « mormons », peu continuent d’évoluer dans les couloirs de l’Elysée. L’affaire Benalla est passée par là. Dès l’été 2018, l’Elysée a réorganisé ses services, et plusieurs conseillers au sein de la garde rapprochée d’Emmanuel Macron ont pris la décision de quitter leurs fonctions. Parmi eux, Sylvain Fort, figure incontournable de la communication du candidat Macron, puis plume du président, et Ismaël Emelien, le conseiller économique du chef de l’Etat. Les nominations de Sibeth Ndiaye au poste de porte-parole du gouvernement et de Cédric O en tant que secrétaire d’Etat au Numérique, envoient, selon Olivier Rouquan, un message politique « paradoxal » : « Ces choix ne sont pas du tout en phase avec les attentes d’un mouvement comme les “gilets jaunes”. Il s’agit de profils très techniques, surdiplômés, fidèles parmi les fidèles [les deux ont conseillé le président de la République depuis son arrivée en mai 2017]. On est loin du signe d’ouverture à l’égard de la société civile. »