Le contrat de confiance
Arrivé cet été à Paris, Tuchel va être prolongé après avoir séduit tout le monde
Le tour de force est impressionnant. Trois semaines après l’élimination en Ligue des champions contre Manchester United, Thomas Tuchel va voir son contrat être prolongé d’une saison (jusqu’en 2021) à la tête du PSG. L’annonce n’a surpris personne. Car l’Allemand a su séduire son monde, en même pas une saison. Alors, comment s’y est-il pris ? La réussite de Tuchel est d’abord celle de sa prise de fonction. « Il a confiance en la vision qu’il développe depuis le début de sa carrière d’entraîneur, explique Markus Kaufmann, auteur du livre Thomas Tuchel, Faire grandir Paris (éd. Marabout). Dès qu’il s’exprime, c’est pour parler de foot, de jeu, des joueurs et des différentes options qu’ils peuvent lui offrir. » Le technicien aime parler ouvertement. A Mayence, où il a commencé au haut niveau (2009-2014), il invitait les journalistes dans son bureau tous les mardis pour parler foot, expliquer ses méthodes et répondre à toutes les questions. Là où la majorité des entraîneurs en France esquivent le débat, parce qu’« on n’a pas le temps », lui y va en courant. Autre exemple : en novembre, alors qu’il avait commencé à jouer parfois à trois défenseurs centraux, et avait installé Marquinhos dans un nouveau rôle un peu hybride, il n’avait pas hésité à lâcher les tenants et les aboutissants de son projet.
Tout cela a contribué à lui façonner une bonne image. On n’aurait pas imaginé écrire ça lorsque, en mai 2018, au moment de sa nomination, on se penchait sur la personnalité de l’Allemand. Un ancien joueur nous l’avait dépeint comme « un dictateur ». D’autres avaient carrément refusé d’en parler. Dix mois plus tard, le coach perfectionniste jusqu’à l’intoxication et ingérable semble loin. « Là où il m’a le plus impressionné, c’est la rapidité avec laquelle il a réussi à devenir proche de Neymar et d’Alves, reprend Markus Kaufmann. Ça, c’est très fort. Il a aussi réussi à gagner la confiance de Buffon, tout en étant également convaincant avec Diaby ou Kimpembe. »
Cet assentiment transpire dans les paroles des joueurs. On a encore en tête leurs mots à Old Trafford après le 8e de finale aller de la Ligue des champions. Ils avaient tous souligné l’énorme boulot de Tuchel et de son staff dans la préparation du match. C’est sûrement ce qui a permis à l’Allemand de survivre au crash du match retour. « C’est un coach jeune, en train de grandir à l’échelle du foot européen, assure notre interlocuteur. Comme Paris, en fait. C’est intéressant pour ce club d’être aligné au niveau ambitions avec son coach, qui est la figure qui le représente le plus à l’extérieur. » L’espoir qu’ils grandissent ensemble semble réciproque, pour le moment.
« C’est un coach jeune, en train de grandir à l’échelle du foot européen. »
Markus Kaufmann, auteur