Le vrac met le paquet
Le secteur de la vente sans emballage étend sa gamme, avec des produits liquides comme la bière ou l’huile d’olive.
Il sera bientôt possible de conjuguer son amour de la petite mousse avec une démarche zéro déchet. La start-up lilloise Jean Bouteille prépare l’arrivée, début mai, dans les magasins spécialisés en vrac, des premières fontaines à bière, les Oublong. Et ce ne fut pas simple d’un point de vue technique, car « un liquide gazeux et qui mousse, c’est compliqué à distribuer en fontaine », souligne Manon Carpentier, de Jean Bouteille. Cette avancée est de bon augure pour le secteur de la vente de produits en vrac, où il faut distinguer le vrac frais (les produits à la découpe, comme le fromage, la charcuterie, les fruits et légumes…), du vrac hors frais, qui concerne les produits secs. « C’est ce deuxième marché qui est en plein essor aujourd’hui en France», précise Célia Rennesson, directrice de l’association Réseau Vrac. Si, aujourd’hui, « 20 % des grandes surfaces ont aujourd’hui un rayon en vrac, un pourcentage qui grimpe à 80 % pour les magasins bio», évalue Célia Rennesson, les marges de progression restent importantes. Seulement 0,5 % des Français consomme de manière régulière en vrac. L’un des freins identifiés est une offre encore limitée en références. Il pourrait donc être levé par le développement des fontaines distribuant des liquides.
Durée de consommation
Parmi eux, déjà, il y a « les jus de fruits, le vin, la lessive, etc. », liste Laura Châtel, chargée de campagne à Zero Waste France. Encore faut-il qu’aux défis techniques ne s’ajoutent pas des problèmes juridiques. L’huile d’olive est un exemple. «Sans qu’on le comprenne très bien, un règlement européen interdit toujours la distribution à la fontaine de l’huile d’olive, alors qu’on peut le faire pour toutes les autres huiles, relève Célia Rennesson. Un agrément français permet bien de contourner le problème, mais il implique que le commerçant change de statut pour devenir « conditionneur » d’huile d’olive et plus seulement distributeur. Par ailleurs, le client ne peut pas se servir tout seul. Des difficultés pèsent sur d’autres produits, comme ceux qui bénéficient d’un signe officiel d’identification de la qualité et de l’origine (Label Rouge, Agriculture biologique, AOP…). « Les cahiers des charges de plusieurs d’entre eux ne prévoient pas la vente en vrac et sont compliqués à modifier », regrette Célia Rennesson. C’est donc l’un des axes de travail de Réseau Vrac, qui se penche aussi sur les liquides pâteux (compotes, pâtes à tartiner, yaourts, cosmétiques…). De nouveau ici, le défi est technologique. « Il faut parvenir à ce que le liquide ne sèche pas dans le contenant », note Manon Carpentier. Il faut aussi veiller aux durées de conservation et aux limites de péremption. Pour les yaourts, par exemple, la consigne est une solution plus appropriée que le vrac.