Lors des conclusions de la consultation, l’exécutif se montre satisfait mais peu clair
Edouard Philippe a présenté lundi les conclusions de la consultation, sans apporter de réponses claires pour sortir de la crise
Drôle d’expo temporaire au Grand Palais. Après deux mois de consultation, le Premier ministre, Edouard Philippe, et les organisateurs du grand débat présentaient lundi matin les conclusions de la consultation nationale dans une salle du monument parisien.
« Ce moment était attendu, mais quand [le grand débat] a ouvert, autour du 15 janvier, c’était vraiment un saut dans l’inconnu », commence Emmanuelle Wargon. La secrétaire d’Etat à la Transition écologique évoque un « grand moment », puis sort la calculette : « Les Français ont été au rendez-vous. Un million et demi de personnes [ont] participé à cet exercice inédit de démocratie ; 506 000 se sont connectées sur le site Internet ; 10 000 réunions locales ont été organisées et environ 500 000 personnes se sont exprimées avec les cahiers citoyens […] Cela montre une vitalité démocratique, une volonté de débattre. » Pendant trois heures, ministres et organisateurs échangent des courtoisies. Quelques pépites fusent : « En discutant ensemble, on s’aperçoit qu’on a à peu près tous les mêmes besoins », « On entend mal si on écoute vite ». Dans ce concert d’autosatisfaction, de rares dissonances. L’une des garantes, Nadia Bellaoui, critique les formulations « excessivement binaires » de certains questionnaires et « l’hypermédiatisation » d’Emmanuel Macron, qui a pu « occulter la richesse de la parole collective ».
« Baisser plus vite les impôts »
Une ribambelle d’experts se succèdent ensuite pour présenter les résultats, à travers les quatre grandes thématiques fixées par Emmanuel Macron, mais également d’autres comme le pouvoir d’achat, la santé ou les retraites. Les PowerPoint font honneur à la nature : les réponses sont présentées sous forme d’arbres, avec un « tronc commun » et des branches pour les « différences ». « Voyez ce constat présenté sur le pétale illuminé au sud de notre fleur », dit l’une des spécialistes. Les remontées du grand débat sont parfois vagues ou contradictoires. Mais en fin de conférence, Edouard Philippe a déjà tiré ses conclusions. « Nous devons baisser, et baisser plus vite, les impôts », dit-il, sans plus de précisions. La baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, première citée par les participants, a, elle, déjà été balayée par le ministre du Budget. Le Premier ministre évoque aussi le besoin de « construire les outils d’une démocratie plus délibérative », sans toutefois mentionner le référendum d’initiative partagée. Les « gilets jaunes », à l’origine du grand débat, sont d’ailleurs les grands absents de la journée. Certaines demandes du mouvement social comme la suppression de l’ISF sont citées, mais par une minorité des participants. La garante Isabelle Falque-Pierrotin avait prévenu un peu plus tôt : « Attention aux chiffres ! Ce grand débat n’est pas un sondage. » Emmanuel Macron devrait annoncer les premières mesures à la mi-avril.