« Je ne suis pas là pour me faire des potes »
Le Français des Utah Jazz, Rudy Gobert, évoque la communication, sur et en dehors des parquets
Ça y est, les choses sérieuses commencent. Après 82 matchs de saison régulière, 16 équipes vont se battre, à partir de samedi lors des play-offs, pour remporter le titre NBA. A l’ouest, les Utah Jazz de Rudy Gobert affronteront l’un des favoris, les Houston Rockets. Le Français, auteur d’une grosse saison, pourrait même remporter une deuxième fois d’affilée le titre de meilleur défenseur de l’année.
Vous n’hésitez pas à dire que vous méritez le trophée. de meilleur défenseur Quand on tient ce discours aux Etats-Unis, on a l’impression que ça passe. En France, beaucoup moins, non ?
On a trop tendance, chez nous, à se sous- estimer. Dès que quelqu’un a des objectifs très élevés, les gens vont avoir tendance à dire qu’il a le boulard, qu’il vise trop haut. C’est dommage, car on a tellement de talents, tellement de mixité chez nous qu’on pourrait être sur le toit du monde. Mais on se tire un peu vers le bas.
Dans un milieu où on préfère montrer une image de dur, vous avez pleuré quand vous avez appris votre nonsélection pour le All-Star Game…
Les larmes sont venues quand j’ai commencé à parler de ma mère, qui m’a permis d’être là où je suis. J’ai été pris par l’émotion. C’est vrai qu’on n’a pas toujours envie de montrer ça face à la caméra, parce que ça peut être une occasion pour d’autres de prendre l’ascendant psychologique sur toi. Les gens ne s’attendent pas à ce qu’on montre un autre visage, plus humain. « T’as vu, Gobert il pleure. » Ben ouais. L’émotion est synonyme de passion. Un compétiteur en a forcément.
Draymond Green ou Andre Iguodala se sont un peu moqués de vous. Comment avez-vous réagi ?
Ça ne m’a pas surpris plus que ça, ça fait partie du jeu. Après, je sais que ces gars-là ont beaucoup de respect pour moi, il n’y avait rien de méchant là-dedans.
Le trash-talk (provocation verbale) peut-il avoir un réel impact sur la performance d’un joueur ?
Le basket est un jeu énormément axé sur le côté psychologique. Si tu prends l’ascendant à ce niveau-là sur ton adversaire, c’est un gros plus pour ton équipe. Tout ce qui va te permettre de déstabiliser ton adversaire, tu vas le faire. Moi, j’aime bien ça. Quand il y a un mec qui arrive sous le panier et que je sens qu’il n’est pas sûr de lui, je vais lui glisser : « Ben alors mec, pourquoi tu tires pas ? » En tant que compétiteur qui veut toujours gagner, je ne suis pas là pour me faire des potes. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de respect, mais moi, je suis là pour gagner et tu te trouves sur mon chemin.