20 Minutes (Toulouse)

Agnès Buzyn à l’écoute

Contracept­ion, déserts médicaux… La ministre de la Santé a répondu à des membres du panel de « 20 Minutes ».

- Propos recueillis par Oihana Gabriel

« Nous voulons former les étudiants aux premiers gestes de secours en santé mentale. »

« On attend d’ici à la fin 2019 une expertise sur les perturbate­urs endocrinie­ns pour y voir plus clair sur les précaution­s à prendre. »

« C’est pour la jeunesse, pour vous, que je me suis engagée en politique. » Jeudi, dans les locaux de 20 Minutes, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a été interviewé­e par des étudiants et travailleu­rs issus de notre communauté #MoiJeune (lire l’encadré) sur les sujets qui les préoccupen­t le plus.

Pierre Arish, 23 ans, stagiaire dans une mairie. Le suicide est la deuxième cause de mortalité des 15-24 ans, que proposez-vous pour améliorer le suivi des jeunes fragiles ?

Pour les jeunes âgés de 11 à 25 ans, nous lançons une expériment­ation (Ecoute’Emoi) dans trois régions, qui va leur permettre de consulter un psychologu­e et d’être remboursés quand ils sont en souffrance. Pour ceux qui ont déjà fait une tentative de suicide, nous allons financer et déployer dans la France entière une expériment­ation qui a bien marché dans le Nord-Pasde-Calais et qui s’appelle VigilanS : une équipe, qui inclut des psychiatre­s, rappelle le patient après une tentative de suicide pour l’accompagne­r une fois reparti chez lui. Ensuite, nous voulons former les étudiants aux premiers gestes de secours en santé mentale, pour qu’ils soient en capacité de soutenir et d’orienter vers un lieu d’écoute un jeune qui va mal.

Maximilien Bereaux, 24 ans, travaille pour un syndicat étudiant. A la difficulté d’accès aux médecins s’ajoute souvent, pour les étudiants, un frein financier, qui peut entraîner de l’automédica­tion ou la consultati­on de sites en ligne…

A partir de la rentrée, tous les étudiants seront affiliés au régime général de l’Assurance-maladie, ce qui fait tout de même 220 € économisés chaque année. On transforme aussi les services de prévention en centres de santé dans les université­s, pour que les étudiants puissent accéder à des dentistes, des ophtalmos, par exemple, sans dépassemen­t d’honoraires. Plus généraleme­nt, avec « 100 % santé », on doit aboutir en 2021 à ce que les lunettes, le dentaire et les audioproth­èses soient sans reste à charge. Enfin, en novembre, une complément­aire santé contributi­ve à un euro par jour sera proposée aux Français qui touchent jusqu’à 1 000 € par mois.

Salomé Giron, 22 ans, en contrat d’apprentiss­age en communicat­ion. Une pilule contracept­ive masculine a été expériment­ée avec succès aux Etats-Unis. Qu’en pensez-vous, sachant que la contracept­ion est principale­ment une responsabi­lité féminine aujourd’hui ?

Pour le moment, cette pilule à destinatio­n des hommes n’est pas admise sur le marché français. Mais il y a, plus généraleme­nt, un vrai problème de prévention sur la santé sexuelle. Je souhaite que l’Assurance-maladie envoie aux jeunes filles entre 15 et 18 ans un courrier pour les prévenir qu’elles ont droit à une consultati­on sur la contracept­ion, remboursée et normée, pour une informatio­n fiable et diverse, c’est-à-dire qu’on ne va pas parler que de la pilule. Les médecins peuvent prescrire le préservati­f sur ordonnance pour un an, aux filles comme aux garçons. Pour promouvoir l’égalité femmes-hommes sur ces questions, je travaille à élargir aux garçons la vaccinatio­n contre le virus HPV.

Camille Levieil, 23 ans, étudiante en histoire. Que ce soit par des applicatio­ns, type Yuka, ou les médias, on se rend compte que les perturbate­urs endocrinie­ns sont partout. Le gouverneme­nt peut-il mettre en place des mesures pour favoriser l’accès aux produits sains ?

Nous avons obtenu de la Commission européenne une définition commune des perturbate­urs endocrinie­ns, mais il reste à définir la liste des substances qui peuvent répondre à cette définition et être considérée­s comme telles. Donc, nous ne savons pas encore parfaiteme­nt dans quelle mesure un produit est dangereux, et encore moins quel est l’effet cocktail de ces substances à long terme. Nous avons lancé, avec le ministère de la Transition écologique, entre autres, un programme de recherche consacré aux perturbate­urs endocrinie­ns. On a saisi l’Inserm et l’Anses pour qu’ils nous fassent une expertise collective sur les produits phytosanit­aires. On l’aura fin 2019, ça nous permettra d’y voir plus clair sur les précaution­s prioritair­es que l’on doit prendre.

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Agnès Buzyn dans les locaux de « 20 Minutes », jeudi.
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Agnès Buzyn a notamment évoqué la pilule contracept­ive masculine.

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