Sefyu, c’est toujours fou, même après huit ans d’absence
Le rappeur d’Aulnay-sous-Bois revient avec un nouvel album, « Yusef », paru vendredi, après près de huit ans d’absence
« Désolé pour mon absence, pour ceux qui ont patienté longtemps, j’espère qu’ils apprécieront le retour. » Après près de huit ans de silence radio, Sefyu redonne de la voix avec un nouvel album, Yusef, paru vendredi. Qu’attendre de ce retour ? Rappel des faits. Sefyu nous avait laissés en 2011 avec son troisième album Oui je le suis, qui mettait fin à des années de succès. Citons « Molotov 4 » en 2008 (sur l’album Suis-je le gardien de mon frère ?), des disques d’or et une victoire de la musique en 2009. Tout souriait au rappeur d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Et puis plus rien. Un manque d’inspiration ? Non.
« J’ai voulu garder mon style »
« J’étais arrivé à une période charnière dans ma carrière où le business commençait à prendre beaucoup d’importance et venait influencer toute la partie créative, explique-t-il. A côté de ça, il y avait la famille et ma mère qui commençait à avoir besoin de notre présence. J’ai fait un choix, celui de me concentrer sur les choses qui étaient les plus importantes, ça m’a permis de préserver des liens avec des gens proches. » Les fans de Sefyu retrouveront dans Yusef les particularités vocales qui ont fait son succès et des textes mêlant egotrip et engagement. « Les sonorités de cet album sont actuelles, mais ça reste du Sefyu. J’ai voulu garder mon style, qu’on reconnaisse mon timbre de voix, mon débit et que je puisse faire passer des messages. » Par ailleurs, Yusef – le verlan de « Sefyu » – s’annonce comme un album très personnel, avec de l’introspection, à l’instar du titre « Dans la glace » (« J’ai reconnu mon ennemi quand j’ai vu mon reflet dans la glace »), et du témoignage. Un état d’esprit relativement similaire au Sefyu des années 2000. « J’avais la position d’un artiste de banlieue qui dit des revendications sociales, mais qui parle aussi de son quotidien, le tout avec des codes très à lui », analyse-t-il. Sûr de lui, le rappeur n’appréhende pas la réaction de ses fans de la première heure : « Je n’essaie pas de faire du rap alimentaire pour être “marketable” ou comestible. » Quand on lui fait remarquer que, en presque dix ans, l’industrie du rap a explosé, l’artiste fait preuve de sagesse : « Je ne sais pas si ma place a été prise ou si je la récupère. En tout cas, j’essaie d’être moi-même et de faire ce que j’ai à faire. »