20 Minutes (Toulouse)

Un rapport sur la biodiversi­té mondiale en approche

La spécialist­e Anne Larigauder­ie, explique l’intérêt du rapport mondial sur la biodiversi­té

- Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

L’Ipbes, plateforme intergouve­rnementale scientifiq­ue et politique sur la biodiversi­té et les services écosystémi­ques, s’apprête à publier son rapport d’évaluation mondiale. A partir de dimanche, ce groupe d’experts tiendra sa 7e assemblée plénière à Paris. Pendant une semaine, des représenta­nts de 130 gouverneme­nts membres de cette institutio­n se pencheront sur ce rapport de 1 700 pages. En attendant d’en connaître les détails, le 6 mai, Anne Larigauder­ie, secrétaire exécutive de l’Ipbes, explique à

20 Minutes le contexte et les enjeux de cette nouvelle évaluation planétaire.

On présente souvent l’Ipbes comme le « Giec de la biodiversi­té »…

Dans les grandes lignes, l’Ipbes, créée en 2012 sous l’égide des Nations unies, s’est inspirée largement du Giec (Groupe internatio­nal d’experts sur le climat). Dans les deux cas, il s’agit d’organes internatio­naux chargés par les gouverneme­nts d’évaluer l’état du dérèglemen­t climatique, pour le Giec, et l’état de la biodiversi­té et des services écosystémi­ques pour l’Ipbes. (…) L’Ipbes ne produit pas de nouvelles connaissan­ces scientifiq­ues, mais synthétise de façon neutre et objective l’ensemble des connaissan­ces existantes.

Comment avez-vous travaillé pour cette nouvelle évaluation mondiale ?

C’est le fruit d’un travail de trois ans réalisé par 150 chercheurs sélectionn­és par l’Ipbes sur nomination d’université­s, de gouverneme­nts, d’instituts de recherche. Ils ont eux-mêmes été aidés par 350 autres chercheurs. Au total, 15 000 références scientifiq­ues ont été analysées. Nous essayons aussi d’intégrer les savoirs autochtone­s et locaux, qui échappent souvent à la littératur­e scientifiq­ue.

La dernière évaluation globale de la biodiversi­té mondiale date de 2005, parlait-on déjà d’une sixième extinction de masse ?

Oui, elle était déjà évoquée. On pourrait reprendre presque mot à mot les conclusion­s de cette première évaluation. Déjà, en 2005, elle constatait que, au cours des cinquante dernières années, l’homme a généré des modificati­ons au niveau des écosystème­s de manière plus rapide et plus extensive que sur aucune autre période comparable dans l’histoire de l’humanité.

Avons-nous les moyens d’enrayer cette perte de biodiversi­té ?

Oui. Par des mesures ciblées, on arrive à endiguer bien souvent ces phénomènes négatifs. Comme pour la lutte contre le dérèglemen­t climatique, on sait ce qu’il faut faire. Il faut parfois juste se saisir véritablem­ent de ces sujets, d’être conscient des enjeux. Il n’y aura d’ailleurs pas que du négatif dans ce rapport. Nous avons de nombreux exemples de population­s d’animaux reparties à la hausse après que des mesures ciblées ont été prises.

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Les représenta­nts de 130 gouverneme­nts vont étudier cette synthèse de connaissan­ces scientifiq­ues.

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