Un rapport sur la biodiversité mondiale en approche
La spécialiste Anne Larigauderie, explique l’intérêt du rapport mondial sur la biodiversité
L’Ipbes, plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, s’apprête à publier son rapport d’évaluation mondiale. A partir de dimanche, ce groupe d’experts tiendra sa 7e assemblée plénière à Paris. Pendant une semaine, des représentants de 130 gouvernements membres de cette institution se pencheront sur ce rapport de 1 700 pages. En attendant d’en connaître les détails, le 6 mai, Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’Ipbes, explique à
20 Minutes le contexte et les enjeux de cette nouvelle évaluation planétaire.
On présente souvent l’Ipbes comme le « Giec de la biodiversité »…
Dans les grandes lignes, l’Ipbes, créée en 2012 sous l’égide des Nations unies, s’est inspirée largement du Giec (Groupe international d’experts sur le climat). Dans les deux cas, il s’agit d’organes internationaux chargés par les gouvernements d’évaluer l’état du dérèglement climatique, pour le Giec, et l’état de la biodiversité et des services écosystémiques pour l’Ipbes. (…) L’Ipbes ne produit pas de nouvelles connaissances scientifiques, mais synthétise de façon neutre et objective l’ensemble des connaissances existantes.
Comment avez-vous travaillé pour cette nouvelle évaluation mondiale ?
C’est le fruit d’un travail de trois ans réalisé par 150 chercheurs sélectionnés par l’Ipbes sur nomination d’universités, de gouvernements, d’instituts de recherche. Ils ont eux-mêmes été aidés par 350 autres chercheurs. Au total, 15 000 références scientifiques ont été analysées. Nous essayons aussi d’intégrer les savoirs autochtones et locaux, qui échappent souvent à la littérature scientifique.
La dernière évaluation globale de la biodiversité mondiale date de 2005, parlait-on déjà d’une sixième extinction de masse ?
Oui, elle était déjà évoquée. On pourrait reprendre presque mot à mot les conclusions de cette première évaluation. Déjà, en 2005, elle constatait que, au cours des cinquante dernières années, l’homme a généré des modifications au niveau des écosystèmes de manière plus rapide et plus extensive que sur aucune autre période comparable dans l’histoire de l’humanité.
Avons-nous les moyens d’enrayer cette perte de biodiversité ?
Oui. Par des mesures ciblées, on arrive à endiguer bien souvent ces phénomènes négatifs. Comme pour la lutte contre le dérèglement climatique, on sait ce qu’il faut faire. Il faut parfois juste se saisir véritablement de ces sujets, d’être conscient des enjeux. Il n’y aura d’ailleurs pas que du négatif dans ce rapport. Nous avons de nombreux exemples de populations d’animaux reparties à la hausse après que des mesures ciblées ont été prises.