Un élu régional témoigne des injures et des menaces dont il est victime sur les réseaux
Cyberharcèlement L’élu régional Pierre Serne est la cible de réseaux de la fachosphère
« Fin janvier 2018, j’ai obtenu gain de cause devant le tribunal administratif de Paris, raconte Pierre Serne, conseiller régional (EELV) d’Ile-deFrance, porte-parole national du parti Génération.s et victime de cyberharcèlement. J’avais fait un recours contre la décision de Valérie Pécresse de supprimer l’aide au transport pour les sans-papiers. Je suis devenu du jour au lendemain une cible des réseaux de la fachosphère, notamment du site Reseaulibre, un réseau extrémiste très violent, qui existe sous diverses formes depuis la fin des années 1990. Ils avaient mis en ligne un article qui m’injuriait, qui me menaçait, avec des propos violents, orduriers, homophobes. J’ai mis des mois à le faire retirer de tous les endroits où il apparaissait. C’est reparti cette année après la sortie d’une enquête de Mediapart au sujet de Réseau libre, le 1er avril. C’est assez clair, dans cet article, que j’ai travaillé avec les journalistes. Dès le lendemain, j’ai reçu des messages, des articles sont sortis me ciblant personnellement au point que le site Reseaulibre, qui est réapparu sous un autre nom, Leonfrance, a mis ma tête blessée comme photo de profil de son compte Twitter. J’ai réussi à faire fermer en vingt-quatre ou quarante-huit heures le blog de Leonfrance et, à chaque fois, les contenus sont réapparus par d’autres biais. Ils ont aussi créé des comptes Twitter et des sites à mon nom, tout en écrivant des insanités, avec des appels clairs à me tuer. Il n’y a quasiment plus de message politique, c’est devenu très personnel. Le fait que les publications s’enchaînent, soient publiées sous de nouvelles formes est totalement envahissant mentalement. Depuis l’an dernier, j’ai perdu 7 kg. Quand ça a recommencé en avril, je ne savais plus ce que je devais faire, si je devais rester enfermé chez moi, ne plus sortir. Et je me suis dit que c’était exactement ce qu’ils voulaient. J’ai pris sur moi pour reprendre un semblant de vie “normale”. Je n’ai pas changé ma consommation des réseaux sociaux. J’y vais même encore plus souvent. Je dois voir s’il n’y a pas quelque chose de nouveau qui a été publié sur moi. C’est usant. A force de recueillir des informations sur eux, c’est devenu très inquiétant. Parce que, sans entrer dans les détails, ce n’est pas un gars isolé derrière son ordinateur qui ne passera jamais à l’acte ; ce sont des réseaux qui, depuis vingt ans, ont, hélas, prouvé leurs fortes capacités de nuisances et de passage à l’acte. En tout cas, ces menaces sont prises très au sérieux et on me parle de protection policière. Ma première plainte fait l’objet d’une procédure qui traîne en longueur. Tout cela risque de mettre des années. Clairement la loi, en fait le droit de la presse, n’est pas adaptée pour répondre à ce type de menaces. »
« Il n’y a quasiment plus de message politique, c’est devenu personnel. »