20 Minutes (Toulouse)

Les failles d’un outil contre les violences conjugales

Violences conjugales Selon les associatio­ns, le «téléphone grave danger » n’est pas toujours suffisant

- Béatrice Colin

Elle avait déjà déposé une main courante contre son conjoint en mai pour des violences conjugales. Dimanche 25 août, Eliane, une jeune femme, est morte dans le quartier Saint-simon, victime d’une vingtaine de coups de couteau portés par son compagnon. Les victimes pointent systématiq­uement un sentiment d’insécurité face au risque de récidive. Depuis novembre 2015, certaines d’entre elles ont pu bénéficier en Haute-garonne d’un des cinq «téléphone grave danger». Ces appareils permettent aux femmes victimes de violences d’accéder à une plateforme téléphoniq­ue 24 h sur 24. «Ils sont utilisés et nous n’avons jamais été confrontés à un manque d’appareils. Depuis le début de l’année, nous en avons remis à six reprises, ils ont parfois été restitués lorsque le danger a été écarté. Depuis leur mise en service, à deux reprises, ils ont été déclenchés », explique Françoise Passuello, la directrice de France Victimes, associatio­n d’aide aux victimes qui rend un avis sur leur mise à dispositio­n. Mais cette technologi­e arrive «en bout de chaîne» et elle est mise en place lors de situations graves, comme récemment lorsque les services pénitentia­ires ont eu écho qu’un détenu devant sortir affirmait qu’il serait bientôt de retour derrière les verrous, suite aux violences qu’il comptait faire subir à sa femme. « Celles qui l’ont utilisé indiquent que cela leur a permis de reprendre confiance. Mais c’est aussi très contraigna­nt, car le téléphone est géolocalis­é, elles doivent dire notamment si elles partent en vacances», explique Sophie Troianowsk­i, de France Victimes.

Et si cet outil a fait ses preuves, il n’a pas toujours permis d’éviter le pire. Comme en juillet 2018 en Alsace, lorsqu’une femme de 36 ans est morte sous les coups de son mari alors qu’elle était détentrice d’un « téléphone grave danger». «Toutes n’ont pas la possibilit­é de le déclencher. Avec ce système, on refait porter aux victimes le devoir de se protéger. Il ne sert à rien seul, il faut que les auteurs portent des bracelets électroniq­ues et un Service d’aide aux victimes d’urgence dans tous les commissari­ats », plaide Sarah Sanders, psychologu­e au sein de l’associatio­n commingeoi­se de contrôle judiciaire socio-éducatif.

« On refait porter aux victimes le devoir de se protéger. » Sarah Sanders , psychologu­e

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Cinq appareils sont à dispositio­n des femmes concernées en Haute-garonne.

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