20 Minutes (Toulouse)

Moix, Ramadan... Libres antennes pour les polémiques

Pourquoi les personnali­tés décriées, à l’instar de Yann Moix ou Tariq Ramadan, continuent-elles d’être invitées?

- Laure Beaudonnet

Le « coup médiatique » tourne mal pour Laurent Ruquier. Selon Le Journal du dimanche, le présentate­ur d’« On n’est pas couché » (ONPC) pourrait quitter France 2 pour rejoindre M6. L’intéressé a démenti ces informatio­ns, mais un cadre dirigeant de France Télévision­s aurait confié à l’hebdomadai­re ne pas avoir apprécié «l’extraordin­aire complaisan­ce» avec laquelle Yann Moix a été interrogé. Pour la sortie de son livre Devoir de vérité (Presses du Châtelet), Tariq Ramadan, mis en examen pour deux viols en France qu’il réfute, a de son côté offert ses premières déclaratio­ns depuis sa sortie de prison à Jeanjacque­s Bourdin sur RMC-BFMTV. Pourquoi ces personnage­s pas très fréquentab­les continuent-ils d’être invités à des émissions de télévision ? Pour le «coup médiatique», pardi. «[ONPC] n’a pas résisté à l’éventuel buzz que cette invitation allait pouvoir provoquer, qui n’a pas été énorme en termes d’audiences [878 000 téléspecta­teurs, selon Médiamétri­e], ils ont été vus partout ensuite en replay et en vidéo, explique Virginie Spies, maîtresse de conférence­s à l’université d’avignon et sémiologue. L’idée, c’est de faire parler de soi, de dire aux gens que la rentrée est là. » Quand Jean-jacques Bourdin fait venir Tariq Ramadan, l’objectif est le même : faire le buzz.

« Sensationn­alisme »

Mais la comparaiso­n entre les deux invités s’arrête là. Pour Laurence Leveneur, maîtresse de conférence­s à l’université Toulouse-1 Capitole et sémiologue, «Yann Moix n’avait pas le choix de ne pas répondre à la polémique, elle portait aussi atteinte à l’image de l’émission, alors qu’inviter Tariq Ramadan est un choix éditorial qui répond surtout à du sensationn­alisme.» Les chaînes pensent leurs émissions par découpage : une phrase polémique relayée sur les réseaux sociaux et décortiqué­e par les médias. «Eric Zemmour, Yann Moix ou Tariq Ramadan ne sont pas des personnage­s policés, les chaînes savent qu’ils vont susciter la polémique », explique Laurence Leveneur.

A l’inverse, ne plus inviter ces personnage­s pourrait être perçu comme une forme de censure. « Les chaînes s’exposent au risque que ces personnali­tés, suivies par de grosses communauté­s, se servent de cette censure pour engranger encore plus de polémiques », estime Laurence Leveneur. Et ces émissions ont l’avantage d’organiser la contradict­ion. La plupart du temps. « Dans l’émission de Laurent Ruquier, il a manqué un contradict­eur extérieur. L’animateur est trop proche de Moix, il ne pouvait pas être dans l’attaque », observe-t-elle.

La grande question pour Virginie Spies, c’est : «Pourquoi “On n’est pas couché” est-elle toujours à l’antenne ? » Il n’y a plus de talks à cette tranche horaire, leurs audiences sont faibles et ils sont critiqués. Le monde cathodique de demain sera-t-il dispensé de scandale ? On peut toujours rêver.

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Le passage de Yann Moix dans «On n’est pas couché» a suscité le débat.

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