Avec le chat en héros, la littérature ne ronronne pas
Pourquoi, avant d’envahir Internet, le chat a-t-il inspiré les auteurs et autrices du monde entier?
Ils ronronnent sensuellement dans les vers baudelairiens ou font le bonheur de Cocteau et de Colette. Avant de conquérir Internet, les chats étaient les mégastars de la littérature. A tel point que, en cette nouvelle rentrée littéraire, 20 Minutes s’est demandé pourquoi cet animal rencontrait peuplait autant les pages des auteurs et autrices du monde entier ?
> Un compagnon patient. « L’écriture est un travail de très longue patience, or le chat nécessite peu d’effort et d’attention, il n’a pas besoin de vous, explique Anne-marie Chazal, professeure de lettres classiques et adoratrice des chats. Ce n’est pas un hasard si de nombreux artistes apprécient cet animal, peu chronophage et énergivore, et disposant de la même patience qu’eux.» Echange de bons procédés oblige, les auteurs et autrices remercieraient le félin, cette figure de leur quotidien, en les incluant dans leurs romans.
> Une figure mystique. C’est bien beau tout ça, mais les cochons d’inde sont aussi très simples à vivre et ils n’envahissent pas les rayons des librairies. Il faut dire que le chat a plus d’une griffe à son arc et qu’il s’illustre sur le plan spirituel. « Symboliquement, le chat est un animal mystérieux, conte Anne-marie Chazal. C’est un animal très difficile à saisir, ce qui fait qu’il fascine. » Il suffit d’énumérer quelques mythes qu’on lui prête : les neuf vies, sa capacité surnaturelle à retomber sur ses pattes, ses yeux comme reflet de l’univers et cette volonté de gouvernance mondiale.
> Une source d’inspiration multiple. Le félin domestique est aussi associé à un grand nombre de symboles. «Selon les siècles et les civilisations, l’image du chat est très variable, raconte Stéphanie Hochet, romancière et autrice d’eloge voluptueux du chat (éd. Philippe Rey). Parfois vu comme maléfique, voire le suppôt du diable, d’autres fois comme bon et généreux, tantôt sauvage, tantôt réceptacle de notre humanité. Féminin chez Baudelaire, cruel pour La Fontaine, impertinent sous la plume de Joann Sfar, merveilleux selon Colette…» Au moment de composer son personnage-félin, l’écrivain n’a ainsi que l’embarras du chat. «Quand il se repose, le chat semble réfléchir, calculer une stratégie, conclut Anne-marie Chazal. Cette intelligence toujours vive plaît à l’ego des écrivains. C’est l’imaginaire du chat qui veut gouverner le monde. N’est-ce pas au fond le but de l’écrivain, gouverner un monde qu’il a créé de sa plume?»
«Féminin chez Baudelaire, cruel pour La Fontaine, merveilleux selon Colette.» Stéphanie Hochet, romancière