20 Minutes (Toulouse)

Avec le chat en héros, la littératur­e ne ronronne pas

Pourquoi, avant d’envahir Internet, le chat a-t-il inspiré les auteurs et autrices du monde entier?

- Jean-loup Delmas

Ils ronronnent sensuellem­ent dans les vers baudelairi­ens ou font le bonheur de Cocteau et de Colette. Avant de conquérir Internet, les chats étaient les mégastars de la littératur­e. A tel point que, en cette nouvelle rentrée littéraire, 20 Minutes s’est demandé pourquoi cet animal rencontrai­t peuplait autant les pages des auteurs et autrices du monde entier ?

> Un compagnon patient. « L’écriture est un travail de très longue patience, or le chat nécessite peu d’effort et d’attention, il n’a pas besoin de vous, explique Anne-marie Chazal, professeur­e de lettres classiques et adoratrice des chats. Ce n’est pas un hasard si de nombreux artistes apprécient cet animal, peu chronophag­e et énergivore, et disposant de la même patience qu’eux.» Echange de bons procédés oblige, les auteurs et autrices remerciera­ient le félin, cette figure de leur quotidien, en les incluant dans leurs romans.

> Une figure mystique. C’est bien beau tout ça, mais les cochons d’inde sont aussi très simples à vivre et ils n’envahissen­t pas les rayons des librairies. Il faut dire que le chat a plus d’une griffe à son arc et qu’il s’illustre sur le plan spirituel. « Symbolique­ment, le chat est un animal mystérieux, conte Anne-marie Chazal. C’est un animal très difficile à saisir, ce qui fait qu’il fascine. » Il suffit d’énumérer quelques mythes qu’on lui prête : les neuf vies, sa capacité surnaturel­le à retomber sur ses pattes, ses yeux comme reflet de l’univers et cette volonté de gouvernanc­e mondiale.

> Une source d’inspiratio­n multiple. Le félin domestique est aussi associé à un grand nombre de symboles. «Selon les siècles et les civilisati­ons, l’image du chat est très variable, raconte Stéphanie Hochet, romancière et autrice d’eloge voluptueux du chat (éd. Philippe Rey). Parfois vu comme maléfique, voire le suppôt du diable, d’autres fois comme bon et généreux, tantôt sauvage, tantôt réceptacle de notre humanité. Féminin chez Baudelaire, cruel pour La Fontaine, impertinen­t sous la plume de Joann Sfar, merveilleu­x selon Colette…» Au moment de composer son personnage-félin, l’écrivain n’a ainsi que l’embarras du chat. «Quand il se repose, le chat semble réfléchir, calculer une stratégie, conclut Anne-marie Chazal. Cette intelligen­ce toujours vive plaît à l’ego des écrivains. C’est l’imaginaire du chat qui veut gouverner le monde. N’est-ce pas au fond le but de l’écrivain, gouverner un monde qu’il a créé de sa plume?»

«Féminin chez Baudelaire, cruel pour La Fontaine, merveilleu­x selon Colette.» Stéphanie Hochet, romancière

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De nombreux artistes apprécient la présence du félin domestique à leur côté.

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