Ils ont conquis l’amérique
Les Bleus de Rudy Gobert ont réussi l’exploit de battre les Etats-unis (79-89), au Mondial, mercredi. Ils valident ainsi leur billet pour les JO.
Même à froid, le coeur redescendu à un rythme plus supportable, les mots ont du mal à venir. On avait beau l’en savoir capable, l’équipe de France a réussi à nous bluffer en signant l’un des plus grands exploits de son histoire contre les Etats-unis (89-79), mercredi, en quarts de finale de la Coupe du monde. Les Américains n’avaient plus perdu en compétition depuis 2006, et cette défaite restera, pour eux, un échec retentissant.
« On a fait un exploit, mais on n’a pas de médaille autour du cou. » Nicolas Batum
Cette rencontre représente, a contrario, un climax dans le parcours des joueurs de Vincent Collet. « A la fin de ma carrière, ce sera un des matchs dont je me souviendrai», glisse Rudy Gobert, qui a été omniprésent sous les paniers, avec 16 rebonds (record pour un Français dans la compétition depuis 1994), et s’est montré impérial pour convertir toutes les fautes provoquées (21 points au total). A l’image de leur pivot, les Bleus ont livré une énorme bataille physique aux Américains, leur rendant la vie impossible dès qu’ils tentaient de s’approcher du panier. «Contre l’australie [perdu 100-98], on n’était pas nousmêmes, soutient Evan Fournier. Là, on a défendu comme des chiens. C’est pour ça qu’on a gagné.» Le joueur d’orlando n’a pas été le dernier non plus à prendre son pied à trois points (4/8 dans l’exercice, 22 points).
Très appliqués, les Bleus se sont reposés sur leur force collective pour construire ce succès. En tête à la pause (45-39), ils ont ensuite connu un gros passage à vide, laissant les Américains prendre le contrôle, et même mener de sept points au début du dernier quarttemps. On pensait alors que c’était cuit, mais la caboche a repris le dessus. « C’est nos couilles qui ont parlé, il faut dire les choses comme elles sont, préfère dire Fournier. Mais ce n’était pas que mental. Il y a eu aussi notre intelligence de jeu qui a fait la différence. » Ntilikina, De Colo, Batum… tout le monde s’y est mis pour ramener les Bleus à hauteur. Avant d’amorcer l’envol final. Les Américains n’ont pas réussi à inscrire le moindre panier pendant presque quatre minutes. Il n’y avait plus, alors, qu’à finir le boulot. Le plus dur, maintenant, va être de gérer l’ascenseur émotionnel et de basculer sur la demie face à l’argentine, vendredi. «J’ai dit aux gars : “Pas de joie, on ne montre rien, parce qu’on n’a rien fait”, confie Nicolas Batum. On a fait un exploit, mais on n’a pas de médaille autour du cou. » L’euphorie postvictoire contre l’espagne, en 2014, au même stade de la compétition, suivie de la désillusion face à la Serbie, est encore dans les têtes. Cette fois, pas de blague. Gobert au rebond : «Notre objectif, ce n’est pas de battre les Etats-unis, mais de gagner la Coupe du monde. »