L’index d’égalité professionnelle doit faire ses preuves
L’outil qui permet d’évaluer la situation professionnelle des femmes dans les entreprises rencontre des résistances
A travail égal, salaire égal. Bien qu’inscrit dans le Code du travail depuis plus de quarante ans, ce principe est loin d’être bien appliqué dans les entreprises : les femmes gagnent globalement un salaire inférieur à celui des hommes, y compris à âge et poste égaux. Alors, pour que les entreprises respectent la loi, le gouvernement a conçu un index qui permet dans chacune d’entre elles d’évaluer la situation professionnelle des femmes. Après les entreprises de plus de 1 000 salariés, c’était au tour des entreprises de plus de 250 salariés de publier leur propre indice, le 1er septembre – la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, doit en présenter un bilan ce mardi. «L’index n’est pas très “méchant”», concède Sophie Pochic, sociologue du travail et directrice de recherche au CNRS. Il est en effet le résultat d’un «consensus» entre le ministère et les organisations patronales et syndicales. Par exemple, les montants des augmentations individuelles accordées aux femmes ne sont pas comparés à ceux des primes accordées aux hommes. Et le critère qui consiste à vérifier que les femmes ont été augmentées à leur retour de congé maternité est une obligation légale depuis 2006. Mais les entreprises respecteront-elles les règles ?
Transparence et pression
«Le 1er mars, seules 60% des grandes entreprises avaient publié leurs résultats à temps, rappelle Sophie Pochic. C’est bien le signe qu’il y a une réticence des entreprises à être transparentes sur le sujet.» C’est pourquoi le gouvernement mise aussi sur la pression de l’opinion publique. «Avec l’index, l’égalité professionnelle devient un sujet dont s’emparent les directions, les syndicats et les salariés», souligne Karine Armani, directrice associée du cabinet Equilibres, spécialisé dans les politiques d’égalité professionnelle. D’autant plus que les entreprises qui ne publieront pas leur index, qui ne mettront pas en oeuvre de plan de correction pour en améliorer les résultats et qui ne réduiront pas leurs écarts salariaux dans un délai de trois ans risqueront une pénalité allant jusqu’à 1% de leur masse salariale. Mais progresser sur l’égalité professionnelle suppose de réels efforts. «Cela oblige l’entreprise à regarder ses actes de gestion, à réfléchir aux retours de congé maternité, à savoir combien d’enveloppes de rattrapage salarial ont été budgétées et effectivement dépensées», indique Sophie Pochic. «L’index est un bon thermomètre, qui permet de comprendre les points essentiels sur les causes des inégalités professionnelles. Mais cela ne veut pas dire que les entreprises qui ont un bon score n’ont plus rien à faire», avertit Karine Armani. Et d’espérer qu’à terme, « les quotas soient élargis aux comités exécutifs et aux comités de direction, qui sont le coeur du réacteur». Et que les inspecteurs du travail puissent faire respecter la loi, ajoute Sophie Pochic, pour qui ils sont trop peu nombreux.