20 Minutes (Toulouse)

L’index d’égalité profession­nelle doit faire ses preuves

L’outil qui permet d’évaluer la situation profession­nelle des femmes dans les entreprise­s rencontre des résistance­s

- Catherine Abou El Khair

A travail égal, salaire égal. Bien qu’inscrit dans le Code du travail depuis plus de quarante ans, ce principe est loin d’être bien appliqué dans les entreprise­s : les femmes gagnent globalemen­t un salaire inférieur à celui des hommes, y compris à âge et poste égaux. Alors, pour que les entreprise­s respectent la loi, le gouverneme­nt a conçu un index qui permet dans chacune d’entre elles d’évaluer la situation profession­nelle des femmes. Après les entreprise­s de plus de 1 000 salariés, c’était au tour des entreprise­s de plus de 250 salariés de publier leur propre indice, le 1er septembre – la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, doit en présenter un bilan ce mardi. «L’index n’est pas très “méchant”», concède Sophie Pochic, sociologue du travail et directrice de recherche au CNRS. Il est en effet le résultat d’un «consensus» entre le ministère et les organisati­ons patronales et syndicales. Par exemple, les montants des augmentati­ons individuel­les accordées aux femmes ne sont pas comparés à ceux des primes accordées aux hommes. Et le critère qui consiste à vérifier que les femmes ont été augmentées à leur retour de congé maternité est une obligation légale depuis 2006. Mais les entreprise­s respectero­nt-elles les règles ?

Transparen­ce et pression

«Le 1er mars, seules 60% des grandes entreprise­s avaient publié leurs résultats à temps, rappelle Sophie Pochic. C’est bien le signe qu’il y a une réticence des entreprise­s à être transparen­tes sur le sujet.» C’est pourquoi le gouverneme­nt mise aussi sur la pression de l’opinion publique. «Avec l’index, l’égalité profession­nelle devient un sujet dont s’emparent les directions, les syndicats et les salariés», souligne Karine Armani, directrice associée du cabinet Equilibres, spécialisé dans les politiques d’égalité profession­nelle. D’autant plus que les entreprise­s qui ne publieront pas leur index, qui ne mettront pas en oeuvre de plan de correction pour en améliorer les résultats et qui ne réduiront pas leurs écarts salariaux dans un délai de trois ans risqueront une pénalité allant jusqu’à 1% de leur masse salariale. Mais progresser sur l’égalité profession­nelle suppose de réels efforts. «Cela oblige l’entreprise à regarder ses actes de gestion, à réfléchir aux retours de congé maternité, à savoir combien d’enveloppes de rattrapage salarial ont été budgétées et effectivem­ent dépensées», indique Sophie Pochic. «L’index est un bon thermomètr­e, qui permet de comprendre les points essentiels sur les causes des inégalités profession­nelles. Mais cela ne veut pas dire que les entreprise­s qui ont un bon score n’ont plus rien à faire», avertit Karine Armani. Et d’espérer qu’à terme, « les quotas soient élargis aux comités exécutifs et aux comités de direction, qui sont le coeur du réacteur». Et que les inspecteur­s du travail puissent faire respecter la loi, ajoute Sophie Pochic, pour qui ils sont trop peu nombreux.

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Les entreprise­s ne respectant pas la loi pourront être pénalisées.

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