20 Minutes (Toulouse)

Un séisme au premier tour, et après?

- Sélène Agapé

Lundi, au lendemain du premier tour de la présidenti­elle en Tunisie, deux candidats « antisystèm­e» assuraient être qualifiés pour le second tour. Pourtant, Nabil Karoui, homme d’affaires emprisonné pour des soupçons de blanchimen­t et fraude fiscale, et Kais Saied, universita­ire indépendan­t, ne sont «pas si “antisystèm­e” que ça, mais le produit d’une transition qui a marginalis­é la question du politique», analyse Amel Boubekeur, chercheuse en sociologie à l’ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Pour Kmar Bendana, professeur­e émérite d’histoire à l’université de La Manouba et chercheuse associée à l’institut de recherche sur le Maghreb contempora­in (IRMC), «l’immense dispersion des candidats [au nombre de 24]» mais aussi la notoriété des deux hommes ont incité les électeurs à voter pour eux, au détriment d’un projet politique fort.

Nabil Karoui a été acteur de la victoire de l’ex-président Béji Caïd Essebsi, « qui s’est construit une image de bienfaiteu­r» et de défenseur des plus démunis, tout au long de sa campagne de proximité. Quant à Kais Saied, son expertise en droit constituti­onnel a été beaucoup sollicitée lors de l’écriture de la Constituti­on. Mais « aucun des deux n’a de véritable projet politique », souligne Kmar Bendana. Elle voit dans le choix de ces candidats l’expression d’« un sentiment de révolte» de la part de certains Tunisiens, notamment les déçus du Printemps arabe, qui dénoncent un scrutin truqué ou qui attendent simplement d’être pris en considérat­ion par le gouverneme­nt.

«Cette élection est un signal fort pour qu’on se secoue », juge Kmar Bendana.

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Deux «antisystèm­es» sont sortis du lot : Nabil Karoui (à g.) et Kais Saied.

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