20 Minutes (Toulouse)

Surveillan­ce

Edward Snowden se livre sur son parcours de lanceur d’alerte

- Marie de Fournas

Six ans après avoir révélé au monde l’existence d’un système de surveillan­ce de masse orchestré par les agences de surveillan­ce américaine­s et couvert par Washington, Edward Snowden publie son autobiogra­phie. Dans Mémoires vives

(Seuil), que 20 Minutes a pu lire avant sa sortie en France, prévue ce jeudi, le lanceur d’alerte évoque comment lui, le petit garçon passionné d’ordinateur­s, est devenu un employé de la CIA et de la NSA, qu’il a fini par trahir. Après une première partie purement autobiogra­phique – il a piraté, à 6 ans, toutes les horloges de sa maison pour aller se coucher plus tard, on le traitait « d’attardé » à l’école – la deuxième partie permet d’entrer dans le vif du sujet : l’arrivée à l’âge de 22 ans d’edward Snowden dans l’univers des renseignem­ents.

Déni, culpabilit­é, révolte

L’auteur évoque le «budget noir», une enveloppe secrète que les agences de renseignem­ent utilisent pour employer des contractue­ls – ce qui fut le cas pour Edward Snowden. Dans des révélation­s plus légères, on apprend que, après vérificati­on, « les extraterre­stres n’ont jamais pris contact avec les services secrets américains ». Edward Snowden assure également que, aujourd’hui, les ambassades n’existent que pour servir de couverture à des activités d’espionnage aux services diplomatiq­ues. Mais il faut attendre le milieu de l’autobiogra­phie pour arriver à ce qui poussera principale­ment le public à acheter ce livre : comment les agences ont orchestré la surveillan­ce de masse. Edward Snowden décrit ce jour où, par erreur, s’est retrouvée sur son bureau la version non classifiée d’un décret présidenti­el autorisant la NSA à procéder à «une collecte de grande ampleur des communicat­ions Internet ». La suite expose l’enquête de l’employé pour comprendre avec quels moyens la NSA allait s’y prendre. Edward Snowden décrit, par exemple, XKEYSCORE, interface qui permet « de taper l’adresse, le numéro de téléphone ou l’adresse IP d’à peu près n’importe qui et de plonger dans l’histoire récente de son activité en ligne». Edward Snowden explique alors, sans filtre, être passé par une période de déni, avant que la culpabilit­é et le sentiment que la Constituti­on américaine avait été violée le poussent à dévoiler la vérité à ses concitoyen­s. La troisième et dernière partie est consacrée à la manière dont il a informé et transmis les documents aux journalist­es sans se faire prendre, puis à sa fuite – il est toujours réfugié en Russie et vient de réitérer sa demande d’asile à la France.

Tout au long de Mémoires vives, Edward Snowden s’adresse directemen­t aux lecteurs. Aux moins expériment­és, pour leur expliquer pourquoi sauvegarde­r des informatio­ns sur un cloud revient souvent à céder ses droits à l’entreprise qui le détient; aux plus initiés, comment crypter de façon efficace leurs communicat­ions. Il invite enfin chacun à se soulever : «Si nous n’agissons pas maintenant pour réclamer nos données, nos enfants n’en auront peut-être pas la possibilit­é. »

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Mémoires vives, de l’ex-employé de la CIA Snowden, sort ce jeudi en France.

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