20 Minutes (Toulouse)

Le touche-à-tout Thibault Giroud

Le nouveau préparateu­r physique des Bleus, qui a pratiqué de nombreuses discipline­s, est un surdoué du sport

- De notre envoyé spécial au Japon, William Pereira

«Les verts, ici! On revient vite!» Thibault Giroud (aucun lien avec Olivier) a les cordes vocales bien accrochées. Cela fait plus de deux mois que le préparateu­r physique des Bleus gueule pour que les joueurs soient capables d’encaisser un match à haute intensité lors du Mondial. « Et encore, il fallait le voir à Oliva [lors d’un stage en Espagne], raconte un confrère. C’était le sergent instructeu­r dans Full Metal Jacket.» Des mollets de pistard, un cou capable de supporter trente fois le boulard de Cristiano Ronaldo, des bras de bodybuilde­r… Thibault Giroud est un crack de la prépa physique, dont la singularit­é transparaî­t dans son parcours. S’il a commencé par le ski, c’est au foot américain qu’il s’est révélé. « Thibault est arrivé en 1990 chez les juniors, j’ai le souvenir de quelqu’un qui travaillai­t beaucoup », raconte Laurent Lambert, le président des Centaures de Grenoble. Giroud joue chez les Bleus en junior et finit par traverser l’atlantique pour évoluer en première division universita­ire au Québec, avant de revenir à Munich puis Barcelone. «C’était un running back [un porteur de ballon] très puissant et lourd, même s’il était rapide, reprend Laurent Lambert. C’est amusant qu’aujourd’hui il soit précurseur dans la vitesse et l’accélérati­on du rugby français.»

Aux JO en bobsleigh

Vitesse et accélérati­on, deux qualités aussi indispensa­bles pour pousser un bobsleigh. Une discipline dans laquelle Giroud se lance après une rencontre improbable avec le prince Albert II de Monaco. «Il était très performant parce qu’il a un gabarit très puissant et rapide, ce qui était très intéressan­t pour nous sur les phases de départ en bobsleigh», détaille Bruno Thomas, avec qui il a fait équipe en bob à deux et à quatre en Coupe du monde et aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002. La fin de carrière de Bruno Thomas combinée à un contact avec le sprinteur namibien Frankie Fredericks le feront quitter les pistes gelées pour la piste en tartan. Le sprinteur trouve en Thibault Giroud l’explosivit­é qui lui fait défaut sur les cinquante premiers mètres et l’invite en Namibie pour l’entraîner. Les résultats sont probants… pour les deux hommes. «Frankie a beaucoup progressé sur ses trente premiers mètres, expliquait-il dans Sud Ouest. Et, grâce à son aide, j’ai couru [le 100 m] en 10’’53 à mon retour en Europe. » De passage en Afrique du Sud avec Frankie Fredericks, Thibault Giroud fait connaissan­ce avec l’ancien coach des Springboks, Andre Markgraaff. Le premier ne comprend pas pourquoi les rugbymen ne cherchent pas plus la vitesse, et le second aime beaucoup la vision du premier. La collaborat­ion dure un an, après quoi le Français file aux Saracens puis à Pau et jusqu’à Toulon, traçant sa voie dans une discipline qu’il n’a toujours pas quittée, jusqu’à devenir l’homme de l’ombre de la révolution du XV de France.

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Thibault Giroud cherche à allier puissance et explosivit­é chez les joueurs.

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