20 Minutes (Toulouse)

Antonio Guterres veut recadrer le tir

Le secrétaire général de L’ONU convoque ce lundi un sommet spécial avec les chefs d’etat

- Fabrice Pouliquen

C’est un sommet spécial qui ressemble fort à un conseil de discipline. Ce lundi, à New York, Antonio Guterres, le secrétaire général de L’ONU, convoque l’ensemble des chefs d’etat et de gouverneme­nt pour qu’ils revoient à la hausse leurs ambitions climatique­s. Son constat, qu’il rappelait encore fin août au G7 de Biarritz, est implacable. Non seulement les promesses faites par les pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030 ne sont pas tenues. Mais elles sont aussi insuffisan­tes pour contenir l’augmentati­on moyenne des températur­es d’ici à 2100 bien en dessous des 2 °C (par rapport aux niveaux préindustr­iels) et, autant que possible, à 1,5 °C. C’était pourtant l’engagement pris par la communauté internatio­nale dans l’accord de Paris sur le climat, signé à la COP21 en 2015. Mais pourquoi n’est-il toujours pas tenu ? Premier problème, l’essentiel des plans d’actions a été posé sur la table avant la COP21. «Ils ont donc été faits un peu à l’aveugle », explique Clément Sénéchal, porte-parole « climat » pour Greenpeace France.

Second problème, poursuit-il : «Depuis 2015, la science a beaucoup progressé dans l’appréhensi­on des conséquenc­es du réchauffem­ent climatique et de ce qu’il faut entreprend­re pour les limiter au maximum. » Le dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat) a montré que, même limité à +1,5 °C, le réchauffem­ent climatique ne serait pas sans conséquenc­es pour la vie sur Terre. Fixer de nouveaux objectifs tandis que les premiers ne sont pas tenus aura-t-il un impact? Cela reste capital, tranche Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’iddri (Institut du développem­ent durable et des relations internatio­nales) : «L’erreur serait, par exemple, pour un pays dépendant du charbon, de vouloir passer entièremen­t au gaz naturel. Certes, il aura réduit ses émissions de GES. Mais il aura aussi investi dans des installati­ons prévues pour durer trente à quarante ans et qui l’empêcheron­t demain de basculer vers des énergies moins émettrices encore, lorsqu’il s’agira d’atteindre la neutralité carbone [en 2050].» Aujourd’hui, qu’attendre de l’union européenne? La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est engagée à relever l’objectif de réduction des émissions de GES à 50, voire à 55% d’ici à 2030 (contre 40 % pour l’objectif actuel). Il lui reste à convaincre les 28 Etats membres, dont certains puisent une part importante de leur énergie dans le charbon.

«La science a progressé (...) dans ce qu’il faut entreprend­re pour limiter le réchauffem­ent. » Clément Sénéchal, Greenpeace

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Antonio Guterres attend que les pays respectent leurs engagement­s.

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