Antonio Guterres veut recadrer le tir
Le secrétaire général de L’ONU convoque ce lundi un sommet spécial avec les chefs d’etat
C’est un sommet spécial qui ressemble fort à un conseil de discipline. Ce lundi, à New York, Antonio Guterres, le secrétaire général de L’ONU, convoque l’ensemble des chefs d’etat et de gouvernement pour qu’ils revoient à la hausse leurs ambitions climatiques. Son constat, qu’il rappelait encore fin août au G7 de Biarritz, est implacable. Non seulement les promesses faites par les pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030 ne sont pas tenues. Mais elles sont aussi insuffisantes pour contenir l’augmentation moyenne des températures d’ici à 2100 bien en dessous des 2 °C (par rapport aux niveaux préindustriels) et, autant que possible, à 1,5 °C. C’était pourtant l’engagement pris par la communauté internationale dans l’accord de Paris sur le climat, signé à la COP21 en 2015. Mais pourquoi n’est-il toujours pas tenu ? Premier problème, l’essentiel des plans d’actions a été posé sur la table avant la COP21. «Ils ont donc été faits un peu à l’aveugle », explique Clément Sénéchal, porte-parole « climat » pour Greenpeace France.
Second problème, poursuit-il : «Depuis 2015, la science a beaucoup progressé dans l’appréhension des conséquences du réchauffement climatique et de ce qu’il faut entreprendre pour les limiter au maximum. » Le dernier rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a montré que, même limité à +1,5 °C, le réchauffement climatique ne serait pas sans conséquences pour la vie sur Terre. Fixer de nouveaux objectifs tandis que les premiers ne sont pas tenus aura-t-il un impact? Cela reste capital, tranche Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) : «L’erreur serait, par exemple, pour un pays dépendant du charbon, de vouloir passer entièrement au gaz naturel. Certes, il aura réduit ses émissions de GES. Mais il aura aussi investi dans des installations prévues pour durer trente à quarante ans et qui l’empêcheront demain de basculer vers des énergies moins émettrices encore, lorsqu’il s’agira d’atteindre la neutralité carbone [en 2050].» Aujourd’hui, qu’attendre de l’union européenne? La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est engagée à relever l’objectif de réduction des émissions de GES à 50, voire à 55% d’ici à 2030 (contre 40 % pour l’objectif actuel). Il lui reste à convaincre les 28 Etats membres, dont certains puisent une part importante de leur énergie dans le charbon.
«La science a progressé (...) dans ce qu’il faut entreprendre pour limiter le réchauffement. » Clément Sénéchal, Greenpeace