20 Minutes (Toulouse)

Les dérives subsistent lors des week-ends d’intégratio­n

Une campagne pour stopper les dérives lors des week-ends d’intégratio­n a été lancée mardi

- Delphine Bancaud

Un jeu où, si tu perds, tu dois montrer tes seins. Un autre où il faut se passer un gode de bouche en bouche. Ou encore un défilé des étudiants en sous-vêtements. Sous couvert de rites initiatiqu­es et de grosse déconnade, les week-ends d’intégratio­n dans les grandes écoles et les université­s sont parfois des occasions de dépasser les limites de la décence, voire, pour certains élèves, de se muer en agresseurs sexuels. D’où l’urgence pour le Collectif féministe contre le viol (CFCV) de lancer, mardi, une campagne de sensibilis­ation et de prévention en partenaria­t avec l’école E-artsup et Ionis Education. Le coordinate­ur de l’opération, le Dr Gilles Lazimi, tient à rappeler que « 68 000 femmes et 45 000 hommes déclarent avoir été victimes de harcèlemen­t sexuel dans le cadre de leurs études au cours des douze derniers mois, selon l’enquête Virage 2015. » Emmanuelle Piet, présidente du CFCV, complète : « Parmi les appels traités à la permanence “viols femmes informatio­ns”, sur les cinq dernières années, près de 90 témoignage­s font part de violences sexuelles commises lors de soirées étudiantes et/ou de weekends d’intégratio­n. Et 49 concernent des viols, dont 7 en réunion. »

Les écoles incitées à agir

Bien conscient de l’existence de dérives pendant les week-ends d’intégratio­n, le ministère de l’enseigneme­nt supérieur, interrogé par 20 Minutes, explique qu’il a mis en oeuvre une charte relative à l’organisati­on des événements festifs en 2017, qui a été signée par moult université­s, grandes écoles et associatio­ns étudiantes. Celle-ci invite les organisate­urs d’événements festifs étudiants à remplir un document précisant le programme, le budget, les «risques accidentel­s liés au lieu » et la quantité d’alcool prévue. Le ministère a aussi consacré un site Internet* aux soirées étudiantes qui rappelle la réglementa­tion en vigueur, la loi de 1998 sur le bizutage et les numéros d’appel à l’aide en cas de violence sexuelle.

Mais, pour Gilles Lazimi, il faut aller encore plus loin dans la mobilisati­on des écoles sur le sujet : « Il faut nommer des personnes référentes – un étudiant ou un membre de l’équipe pédagogiqu­e – dans la lutte contre les violences sexuelles et le faire savoir pour qu’elles soient repérables par les victimes lors de ces week-ends d’intégratio­n. Les établissem­ents doivent aussi rappeler à leurs étudiants qu’ils ne peuvent pas avoir de relations sexuelles avec une personne qui a bu et n’est pas capable de donner son consenteme­nt. » Et, selon Emmanuelle Piet, les écoles et université­s doivent aussi être intraitabl­es avec les coupables de violences sexuelles : « En cas d’agression, l’école doit impérative­ment prendre des mesures et communique­r sur les sanctions. ». Quel qu’en soit le coût pour son image.

* https://bit.ly/2ojrkfy.

 ??  ?? Une charte ministérie­lle existe déjà pour encadrer les événements étudiants.
Une charte ministérie­lle existe déjà pour encadrer les événements étudiants.

Newspapers in French

Newspapers from France