20 Minutes (Toulouse)

La machine à prévoir les blessures

Une étude pour réduire le risque et la durée des douleurs est menée par le Stade toulousain

- Nicolas Stival

Un peu de gel, puis une sonde échographi­que qui vagabonde sur la cuisse endolorie de Pierre Fouyssac, le troisquart­s centre du Stade Toulousain. A priori, l’étude menée depuis la semaine dernière dans les locaux d’ernest-wallon, en collaborat­ion avec le CHU de Toulouse et l’entreprise japonaise Canon, n’a rien de révolution­naire. Pourtant, ses initiateur­s placent beaucoup d’espoirs dans ce travail autour de «la solidité du tissu musculaire blessé ». L’objectif : prévoir au mieux la date de reprise du rugbyman souffrant, et prévenir la rechute. Tout sauf du luxe, dans un sport où certains pros passent autant de temps à l’infirmerie que sur la pelouse. «Il s’agit de trouver le moment où l’on peut dire au sportif : “Voilà, tu peux reprendre à haut niveau, sans risque de récidive”», explique le Pr Nicolas Sans, chef du pôle imagerie médicale au CHU. A ce jour, dans le sport de haut niveau, il y a déjà des examens médicaux bien sûr, mais aussi pas mal de «pifomètre», à base de ressenti de la part du sportif et du staff. Un coup de pression du coach, et voilà notre ailier a priori remis d’une déchirure relancé dans le grand bain du Top 14 ou de la Pro D2. Avant de se blesser de nouveau… « Le but n’est pas de raccourcir les délais mais d’être le plus pertinent possible», assure Philippe Izard, responsabl­e médical du secteur profession­nel chez le champion de France. Et pour cela, l’échographe haut de gamme présent dans les installati­ons du club intègre une arme : un élastograp­he. Ce bijou technologi­que quantifie la dureté du muscle blessé (dans 99 % des cas sur un membre inférieur) en kilopascal­s. Comme chaque joueur est différent, le résultat est comparé à la jambe saine. A rythme régulier, l’action de courte durée (environ dix minutes) est répétée jusqu’à ce que les valeurs du muscle lésé et de son jumeau en bon état correspond­ent. Au fil des examens, les exercices de reprise (musculatio­n, courses…) sont adaptés à l’état du convalesce­nt, jusqu’à la reprise totale.

« On voudrait étendre ce qu’on fait pour les pros aux catégories de jeunes du Stade Toulousain, avance Philippe Izard. Il n’est pas exclu que dans un avenir un peu plus lointain, on puisse intégrer d’autres associatio­ns de notre club omnisports, voire d’autres structures. » Cette étude pourrait également trouver une applicatio­n chez l’individu lambda. « Pour déterminer la date d’un retour au travail, un changement de poste et déterminer des séquelles», détaille le médecin. Il faudra alors se souvenir que tout est parti, ou presque, de la cuisse de Pierre Fouyssac.

L’objectif : prévoir au mieux la date de reprise du rugbyman souffrant et prévenir la rechute.

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Le Pr Nicolas Sans examine le trois-quarts centre Pierre Fouyssac.

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