La clinique spatiale lutte contre l’âge depuis trente ans
Depuis trente ans, l’établissement nous aide à nous soigner dans les conditions de l’espace
Lorsque les astronautes reviennent sur Terre après un séjour à bord de la Station spatiale internationale, ils sont loin d’être aussi en forme que le jour où ils ont quitté le sol. Ils ont perdu autant de masse osseuse qu’une femme âgée atteinte d’ostéoporose sur une année, leurs muscles sont atrophiés, leur vue diminuée. Pour contrer les effets indésirables de la gravité sur la santé des occupants de L’ISS, depuis plusieurs années, des études scientifiques sont menées à bord, mais aussi au sol. C’est l’une des missions de la clinique spatiale de Toulouse (CNESCHU de Toulouse), qui a fêté jeudi ses 30 ans. Implantée au coeur de l’hôpital Rangueil, elle mène ses « bed rest » et autres expériences.
Durant plusieurs jours, des volontaires sont payés pour rester allongés dans des conditions similaires aux vols habités. L’une de ces dernières études a consisté à tester l’impact sur les os et muscles d’un complément alimentaire antioxydant et anti-inflammatoire pour les organismes inactifs. Ce cocktail, s’il est vraiment efficace, les astronautes pourront le prendre au petit-déj avant leur séance de muscu. Tout comme les personnes souffrant de perte de densité osseuse.
Grâce aux travaux de l’institut de médecine et de physiologie spatiales (Medes), on est capables d’avoir en 3D une cartographie très poussée de l’état des os, et savoir s’ils possèdent une fragilité qui pourrait entraîner une fracture. « Il y a plusieurs années, le “projet Eristo” a vu le jour. Il consistait à étudier ces
troubles osseux. Pour les caractériser, une machine ayant une résolution de 100 microns, le Xtremect, a été mise au point. Aujourd’hui, elle est commercialisée dans plusieurs pays », explique Marie-pierre Bareille, responsables des études cliniques au Medes. Ce scanner, développé depuis par une société suisse, permet de prévoir l’avenir mais aussi d’en apprendre plus sur notre passé. Il y a une dizaine d’années, il a servi à ausculter deux mâchoires d’australopithèques découvertes en Afrique du Sud, vieux de plus de deux millions d’années. Ces fossiles ont été passés au crible par le Xtremect sans les abîmer. Comme quoi, la recherche spatiale permet d’en apprendre plus sur nos origines que ce soit aux confins de l’univers ou sur cette bonne vieille Terre.
Des volontaires sont payés pour rester allongés dans des conditions similaires aux vols habités.