La police meurtrie
Un agent administratif a tué quatre personnes au couteau, jeudi, au sein de la préfecture de police de Paris. Les motivations de son acte restent floues.
Il a semé la mort en plein coeur de Paris, dans l’un des lieux les plus sécurisés de France. Peu avant 13 h, jeudi, un homme de 45 ans travaillant comme informaticien au sein du service technique de la DRPP (direction du renseignement de la préfecture de police) a tué quatre personnes avec un couteau de cuisine. Il a ensuite été abattu par un policier dans la cour centrale de ce bâtiment mythique du boulevard du Palais (4e), qui abrite les directions de la police parisienne, à l’exception de la police judiciaire.
L’hypothèse d’un acte terroriste n’était pas écartée jeudi soir, mais la piste du conflit personnel était explorée.
Pour un motif encore inconnu, Mickael H., agent administratif qui travaillait à la «PP» depuis 2003, s’est d’abord attaqué à trois policiers, dans deux bureaux de son service situés au premier étage. Puis, il s’en est pris à deux femmes – une affectée aux ressources humaines, l’autre à la DSPAP (direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne) –, dans les escaliers. L’une est décédée, l’autre a été transportée dans un état sérieux à l’hôpital Percy, à Clamart (Hauts-de-seine). Arrivé dans la cour du 19-Août-1944, un policier de la DOPC (direction de l’ordre public et de la circulation) a ordonné à l’assaillant de lâcher son arme. Devant son refus, l’agent a ouvert le feu et l’a touché à la tête. Immédiatement, l’île de la Cité a été bouclée par les forces de l’ordre (lire ci-dessous), des dizaines de camions de pompiers ont été dépêchés sur place. Le bilan est lourd : trois policiers et une agente administrative sont décédés. Le président, Emmanuel Macron, puis le ministre de l’intérieur se sont rendus sur les lieux du drame peu après. Christophe Castaner était accompagné par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour comprendre les motivations de Mickael H. Elle a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne. Dans l’aprèsmidi, son domicile de Gonesse, dans le Val-d’oise, a été perquisitionné et sa femme a été placée en garde à vue. Jeudi soir, l’hypothèse d’un acte terroriste n’était pas écartée, mais les enquêteurs exploraient la piste d’un conflit personnel. Le parquet national antiterroriste suivait le dossier avec attention. Notamment parce que Mickael H., originaire des Antilles et souffrant d’un handicap de surdité, s’était converti à l’islam il y a quelques mois. « Il pratiquait sa religion de façon modérée», relativise une source policière. Il «n’avait jamais présenté de difficultés comportementales », ni « le moindre signe d’alerte », a également souligné le ministre de l’intérieur lors d’un point presse.
Depuis Rodez (Aveyron), où il orchestrait un débat sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron a qualifié de «véritable drame» la mort des fonctionnaires, avant de préciser qu’il ne pouvait pas en dire plus, l’enquête ne faisant que commencer. Le chef de l’etat a ensuite fait observer une minute de silence.