20 Minutes (Toulouse)

La police meurtrie

Un agent administra­tif a tué quatre personnes au couteau, jeudi, au sein de la préfecture de police de Paris. Les motivation­s de son acte restent floues.

- Thibaut Chevillard

Il a semé la mort en plein coeur de Paris, dans l’un des lieux les plus sécurisés de France. Peu avant 13 h, jeudi, un homme de 45 ans travaillan­t comme informatic­ien au sein du service technique de la DRPP (direction du renseignem­ent de la préfecture de police) a tué quatre personnes avec un couteau de cuisine. Il a ensuite été abattu par un policier dans la cour centrale de ce bâtiment mythique du boulevard du Palais (4e), qui abrite les directions de la police parisienne, à l’exception de la police judiciaire.

L’hypothèse d’un acte terroriste n’était pas écartée jeudi soir, mais la piste du conflit personnel était explorée.

Pour un motif encore inconnu, Mickael H., agent administra­tif qui travaillai­t à la «PP» depuis 2003, s’est d’abord attaqué à trois policiers, dans deux bureaux de son service situés au premier étage. Puis, il s’en est pris à deux femmes – une affectée aux ressources humaines, l’autre à la DSPAP (direction de la sécurité de proximité de l’agglomérat­ion parisienne) –, dans les escaliers. L’une est décédée, l’autre a été transporté­e dans un état sérieux à l’hôpital Percy, à Clamart (Hauts-de-seine). Arrivé dans la cour du 19-Août-1944, un policier de la DOPC (direction de l’ordre public et de la circulatio­n) a ordonné à l’assaillant de lâcher son arme. Devant son refus, l’agent a ouvert le feu et l’a touché à la tête. Immédiatem­ent, l’île de la Cité a été bouclée par les forces de l’ordre (lire ci-dessous), des dizaines de camions de pompiers ont été dépêchés sur place. Le bilan est lourd : trois policiers et une agente administra­tive sont décédés. Le président, Emmanuel Macron, puis le ministre de l’intérieur se sont rendus sur les lieux du drame peu après. Christophe Castaner était accompagné par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour comprendre les motivation­s de Mickael H. Elle a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne. Dans l’aprèsmidi, son domicile de Gonesse, dans le Val-d’oise, a été perquisiti­onné et sa femme a été placée en garde à vue. Jeudi soir, l’hypothèse d’un acte terroriste n’était pas écartée, mais les enquêteurs exploraien­t la piste d’un conflit personnel. Le parquet national antiterror­iste suivait le dossier avec attention. Notamment parce que Mickael H., originaire des Antilles et souffrant d’un handicap de surdité, s’était converti à l’islam il y a quelques mois. « Il pratiquait sa religion de façon modérée», relativise une source policière. Il «n’avait jamais présenté de difficulté­s comporteme­ntales », ni « le moindre signe d’alerte », a également souligné le ministre de l’intérieur lors d’un point presse.

Depuis Rodez (Aveyron), où il orchestrai­t un débat sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron a qualifié de «véritable drame» la mort des fonctionna­ires, avant de préciser qu’il ne pouvait pas en dire plus, l’enquête ne faisant que commencer. Le chef de l’etat a ensuite fait observer une minute de silence.

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Près de la préfecture de police de Paris, jeudi.
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Les faits se sont produits aux alentours de 13h, sur l’île de la Cité (Paris, 4 ).

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