20 Minutes (Toulouse)

Après les humains, la belle vie, enfin

La biodiversi­té va profiter de la disparitio­n des hommes

- Laure Beaudonnet

Faut-il craindre la fin de notre civilisati­on ? Yves Cochet, ex-ministre de l’environnem­ent qui publie Devant l’effondreme­nt (éd. Les Liens qui libèrent), ne rejette pas l’hypothèse selon laquelle l’humanité n’existerait plus en tant qu’espèce en 2050. Si cette prédiction semble pessimiste, les études scientifiq­ues ne sont guère plus joyeuses.

Sixième « extinction de masse »

Un rapport du groupe d’experts de L’ONU sur la biodiversi­té a alerté sur l’effondreme­nt, plus rapide que prévu, de la biodiversi­té. Un million d’espèces animales et végétales, sur les quelque huit millions estimées sur Terre, sont menacées d’extinction, dont « beaucoup dans les prochaines décennies». Ces projection­s correspond­ent aux mises en garde de scientifiq­ues qui estiment que la Terre est au début de la sixième « extinction de masse ». L’humanité, qui dépend de la nature pour boire, respirer, manger, se chauffer ou se soigner, estelle menacée ? « Les humains vont disparaîtr­e d’une manière ou d’une autre, soit pour devenir autre chose, soit sans descendant­s », explique Jean-renaud Boisserie, paléontolo­gue au CNRS et directeur du laboratoir­e Palevoprim. «L’espèce humaine est la survivante de plusieurs espèces humaines qui ont cohabité en même temps sur la planète », complète Francis Duranthon, directeur du Muséum de Toulouse. Toutefois, la situation actuelle est grave. Si les humains altèrent les écosystème­s dont ils dépendent, l’impact sur leur survie est énorme. Pourtant, Jean-renaud Boisserie ne voit pas « par quels mécanismes on pourrait éradiquer une espèce aussi répandue et aussi nombreuse que la nôtre en quatre-vingts ans ». Dans un monde idéal, après seulement 300 000 ans d’existence, Homo sapiens devrait encore avoir beaucoup de temps à vivre. Mais vu la rapidité de l’effondreme­nt de la biodiversi­té… Que se passera-t-il lorsque l’humanité sera balayée de la surface de la Terre ? « Les enseigneme­nts qu’on peut tirer des grandes crises de la biodiversi­té à travers l’histoire de la vie montrent que, de toutes façons, elle reprend », observe Francis Duranthon. Il reste toujours des espèces à partir desquelles une nouvelle biodiversi­té se crée. « La vie sur Terre s’est passée de nous pendant quasiment quatre milliards d’années, elle se passera de nous une fois qu’on aura disparu », observe Jean-renaud Boisserie. Des extinction­s de masse ont déjà eu lieu dans le passé. « Il y a 250 millions d’années, au moins 90% des espèces se sont éteintes et c’est reparti après», reprend le paléontolo­gue. Même des catastroph­es nucléaires en chaîne ne suffiraien­t pas à détruire le vivant. Plus de trente ans après la catastroph­e nucléaire de Tchernobyl, la zone est peuplée d’ours bruns, de bisons, de loups, de lynx, de chevaux de Przewalski et de plus de 200 espèces d’oiseau. Comment ces animaux font-ils face à la radiation ? L’une des hypothèses avancée : l’absence de l’homme. En résumé, la biodiversi­té s’en sortirait très bien sans nous.

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La Terre, âgée de 4 milliards d’années, survivra à l’humanité.

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