Grâce aux échecs de L’OL, les fans de L’OM gardent le sourire
La défaite de Lyon à Saint-etienne dimanche a ravi les fans marseillais
Le soleil d’automne, l’odeur du poisson frais, les senteurs de romarin… Bref, ajoutez tous les clichés méridionaux que vous voulez, mais, à Marseille comme ailleurs, le lundi matin, on tire la gueule. Un peu moins, toutefois, cette semaine. Dimanche, «l’autre Olympique [Lyonnais]» s’est fait taper par Saintetienne (1-0). «Je ne m’en cache pas, je suis toujours content de voir Lyon perdre, peu importe le résultat de L’OM », reconnaît Axel.
Le « FC Procuration »
La pitoyable défaite de L’OM vendredi à Amiens (3-1) n’a en effet pas arrêté l’avalanche de chambrages et de trolls divers sur Twitter quand l’attaquant stéphanois Beric a collé une belle tête dans la lucarne de Lopes. Pour Sara, une défaite d’un gros rival (Lyon ou Paris) est «aussi savoureuse qu’une petite victoire du dimanche soir » de Marseille. « Quand L’OM fait une saison de merde, ma plus grande joie de l’année, c’est quand le PSG sort en Ligue des champions, reprend Nicolas. Tu brailles sur ton canapé comme si tu avais gagné!» Cette joie à un nom : le « FC Procuration ». « C’est un plaisir coupable de voir que les autres vont mal, sourit un autre Nicolas. Une forme de soulagement, aussi, pour Paris en C1 : ça retarde l’échéance avant qu’ils ne la gagnent.» Dimanche, le jeune homme « a baîllé au milieu, rigolé à la fin, puis réalisé que Lyon allait changer de coach et nous éclater au Vélodrome comme d’habitude ».
Un pronostic que fait aussi, en creux, Sébastien, abonné au Parc OL : «Les Marseillais ouvrent leurs bouches et reçoivent immédiatement un retour de manivelle, c’est systématique.» La dernière fois que L’OM a battu L’OL dans le temps réglementaire, c’était en 2014. « L’OM est aujourd’hui à des années-lumière du PSG, ils doivent donc se trouver d’autres rivaux », estime Baptiste, pour qui le «FC Procuration» est un peu une spécialité marseillaise. Mais il n’y a pas qu’à Marseille que les supporters éprouvent ce que les psychologues appellent la « Schadenfreude » : la joie que procure le malheur des autres. Et le phénomène n’a rien de récent. En 1993, les Stéphanois avaient ainsi dégainé une bâche à la gloire du «Milan Club Saint-etienne », avant la finale de Ligue des champions de L’OM. Comme le dit Nicolas Hourcade, spécialiste du supportérisme, «cela vaut dans tous les clubs qui ont des rivalités fortes. Elles se sont développées dans les années 1990, après l’émergence des groupes de supporters et la stabilisation des clubs français dans les grandes métropoles. La nouveauté, c’est que l’expression de la satisfaction est plus visible. Aujourd’hui, on fête une défaite sur les réseaux sociaux. Cela peut alimenter une agressivité entre supporters, qui se répondent sans cesse.» Un mouvement aussi classique dans le foot qu’un centre côté droit de Boudebouz pour un Beric tout seul à six mètres.