«Il y a une injustice territoriale»
Son nom figure parmi la liste des 2 684 parties civiles au procès qui s’est ouvert il y a deux semaines à Paris. Pourtant, comme de nombreuses victimes du Mediator, Pierrette Brunel ne croisera sans doute jamais le regard des membres du groupe pharmaceutique Servier, jugés pour tromperie aggravée avec mise en danger de la santé au préjudice des patients, escroquerie et homicides et blessures involontaires. Cette retraitée toulousaine ne fera pas le déplacement. «Comment voulez-vous que les gens se rendent à Paris, surtout quand ils sont fatigués à cause de leur maladie ? Et puis, c’est encore à nos frais, comme à chaque fois que nous allons voir des experts», déplore-t-elle. Aujourd’hui, elle se sent «punie» de ne pas pouvoir assister au procès et dénonce une « injustice territoriale ». « Il y a une extrême recentralisation judiciaire, abonde son avocate, Stella Bisseuil. Cela a été le cas dans l’affaire Merah, par exemple. Les victimes ont de plus en plus de mal à être représentées et les instructions sont trop longues pour des personnes qui n’ont pas de moyens infinis.» Durant trois ans, Pierrette Brunel a pris du Mediator pour perdre un peu de poids. En 2003, à 55 ans, elle a fait un malaise sur son lieu de travail. «On m’a tout de suite changé les valves cardiaques, raconte-t-elle. Depuis, je fatigue facilement. J’ai aussi un traitement lourd.» Elle a touché une indemnisation, mais l’essentiel n’est pas là : «Cela ne va pas nous redonner la santé. Ce que nous voulons, c’est être reconnues comme des victimes et que les prévenus soient condamnés.»