20 Minutes (Toulouse)

«Il y a une injustice territoria­le»

- A Toulouse, Béatrice Colin

Son nom figure parmi la liste des 2 684 parties civiles au procès qui s’est ouvert il y a deux semaines à Paris. Pourtant, comme de nombreuses victimes du Mediator, Pierrette Brunel ne croisera sans doute jamais le regard des membres du groupe pharmaceut­ique Servier, jugés pour tromperie aggravée avec mise en danger de la santé au préjudice des patients, escroqueri­e et homicides et blessures involontai­res. Cette retraitée toulousain­e ne fera pas le déplacemen­t. «Comment voulez-vous que les gens se rendent à Paris, surtout quand ils sont fatigués à cause de leur maladie ? Et puis, c’est encore à nos frais, comme à chaque fois que nous allons voir des experts», déplore-t-elle. Aujourd’hui, elle se sent «punie» de ne pas pouvoir assister au procès et dénonce une « injustice territoria­le ». « Il y a une extrême recentrali­sation judiciaire, abonde son avocate, Stella Bisseuil. Cela a été le cas dans l’affaire Merah, par exemple. Les victimes ont de plus en plus de mal à être représenté­es et les instructio­ns sont trop longues pour des personnes qui n’ont pas de moyens infinis.» Durant trois ans, Pierrette Brunel a pris du Mediator pour perdre un peu de poids. En 2003, à 55 ans, elle a fait un malaise sur son lieu de travail. «On m’a tout de suite changé les valves cardiaques, raconte-t-elle. Depuis, je fatigue facilement. J’ai aussi un traitement lourd.» Elle a touché une indemnisat­ion, mais l’essentiel n’est pas là : «Cela ne va pas nous redonner la santé. Ce que nous voulons, c’est être reconnues comme des victimes et que les prévenus soient condamnés.»

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