20 Minutes (Toulouse)

La sélection avant l’élection

Afin d’éviter les controvers­es lors des prochaines municipale­s, le parti de Marine Le Pen étudie avec attention le profil de chaque candidat.

- Laure Cometti et Thibaut Le Gal

Officielle­ment, Marine Le Pen n’a pas fixé d’objectif pour les municipale­s. Mais, vainqueur des européenne­s (avec 23,34% des votes), le RN espère conserver la dizaine de mairies tenues par des édiles frontistes et, surtout, conquérir de nouveaux territoire­s. Encore faut-il pouvoir dégoter suffisamme­nt de candidats.

« Le mandat de maire est le plus difficile, le conseiller municipal a un rôle ingrat. C’est très mal rémunéré, il faut avoir la vocation », reconnaît Jean-lin Lacapelle, membre du bureau exécutif du RN. Le parti n’ignore pas non plus l’hémorragie de conseiller­s municipaux RN subie depuis 2014. Selon un décompte de Libération, plus d’un élu local sur trois aurait ainsi cessé de siéger pour le mouvement. Un chiffre plus important que pour les autres partis. Pour la prochaine échéance électorale, le RN devrait concentrer ses efforts dans ses bastions du Nord-pas-decalais et du Sud-est, mais aussi en Bourgogne-franche-comté et dans la région Grand Est. «Nous demandons à nos délégués départemen­taux de présenter le maximum de listes, du RN ou soutenues par le RN, indique Gilles Pennelle, le directeur de campagne pour les municipale­s. Ensuite, la commission nationale d’investitur­e [CNI] examine les dossiers. »

Continuer la «dédiabolis­ation»

La CNI, présidée par Marine Le Pen et composée d’une vingtaine de cadres, a pour but de sélectionn­er les candidatur­es «crédibles». «Chaque dossier est regardé attentivem­ent : lettre de motivation, CV, ou les documents que la personne a produits, comme des articles de presse à son sujet, explique l’eurodéputé Philippe Olivier. On essaie de prendre les gens les plus motivés, qui valorisent au mieux nos idées. » Une étape d’inspection cruciale : le parti veut s’éviter les polémiques des précédents scrutins sur les profils controvers­és de certains candidats. Avant les municipale­s de 2014, dans les Ardennes, une tête de liste avait été exclue du Front après avoir comparé Christiane Taubira à un singe. En 2017, une enquête de Buzzfeed avait épinglé «une centaine» de candidats RN aux législativ­es pour «des contenus homophobes, antisémite­s, islamophob­es ou racistes » sur les réseaux sociaux. Ce sont les fédération­s qui auront la charge de «filtrer» les candidatur­es pour éviter les mauvaises surprises qui viendraien­t entacher la stratégie de «dédiabolis­ation» entreprise depuis plusieurs années. « On a déjà fait le ménage chez nous par le passé, pas comme d’autres partis, veut croire Gilles Pennelle. Nous présentons des milliers de candidats [têtes de liste et colistiers], donc je ne doute pas que vos collègues journalist­es iront fouiller pour voir si le 33e de la liste de Saintmalo n’a pas un copain dont la cousine a fait un tweet antisémite. » Dans la ville bretonne, aucune liste n’a encore été dévoilée.

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La patronne du RN veut sélectionn­er des candidats «crédibles».

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