20 Minutes (Toulouse)

Jean-luc Brunel, l’insaisissa­ble « ami » de Jeffrey Epstein, accusé des deux côtés de l’atlantique

L’agent de mannequins Jean-luc Brunel est accusé d’agressions sexuelles

- Vincent Vantighem, à Paris, et Philippe Berry, à Los Angeles, avec T.C. et M.CO.

On le disait en fuite en Amérique du Sud. En vacances « chez un ami » en Thaïlande. Ou même planqué quelque part à Paris. Mais non. Jean-luc Brunel se tient « à la dispositio­n de la justice », a fait savoir lundi Corinne Dreyfussch­midt, son avocate. Accusé d’avoir fourni des jeunes filles pendant des années au magnat américain Jeffrey Epstein, ce Français de 74 ans n’avait plus fait d’apparition publique depuis le 5 juillet. Il participai­t alors à la soirée blanche du Paris Country Club, dont le ticket d’entrée culmine à 1300 €.

A ce moment-là, l’agent de mannequins n’imaginait sans doute pas que son «ami» Jeffrey Epstein serait arrêté le lendemain dans le New Jersey à sa descente d’avion en provenance de Paris. Ni qu’il se donnerait la mort dans sa cellule, le 10 août, après avoir été inculpé pour trafic de mineures. Recherché depuis par les médias du monde entier, Jean-luc Brunel a, selon nos informatio­ns, informé le parquet de Paris dès le mois d’août qu’il était disposé à répondre aux questions des enquêteurs. Et depuis, plus rien. Jusqu’au communiqué de son avocate, publié lundi. «On a encaissé, encaissé, encaissé les accusation­s parues dans la presse en attendant d’être convoqués. Mais nous ne l’avons toujours pas été. Il devenait donc urgent de dire publiqueme­nt qu’il n’est pas “en fuite”, a-telle justifié auprès de 20 Minutes. Je n’ai jamais vu un tel niveau d’hystérie. Psychologi­quement, c’est très, très dur pour Jean-luc Brunel.» Il faut dire que les accusation­s le visant sont lourdes. Des deux côtés de l’atlantique. Si l’affaire tentaculai­re a rebondi cet été, elle trouve sa source dès 2005, à Palm Beach, où Jeffrey Epstein possède une villa. La police commence à enquêter après avoir recueilli des témoignage­s de collégienn­es et de lycéennes. Selon nos informatio­ns, elle s’intéresse même déjà à Jean-luc Brunel, qui établit cette année-là son agence de mannequins, MC2, à Miami, grâce à l’aide financière d’epstein. Les enquêteurs considèren­t le scout français comme une «personne d’intérêt». Ils cherchent à l’entendre en 2009, mais le Français se montre insaisissa­ble, assurant, via son avocate, se trouver à l’étranger et être indisponib­le. Six ans plus tard, Jean-luc Brunel avoue : c’est «Epstein [qui] m’a demandé de quitter la région et de me rendre en Europe et en Asie pour retarder la déposition». S’il lâche cette petite bombe, c’est parce qu’il est brouillé avec son mentor. L’étau commence d’ailleurs à se resserrer. La même année, Virginia Roberts Giuffre dépose une première plainte. La jeune femme assure avoir été «l’esclave sexuelle» de Jeffrey Epstein, sans épargner Jean-luc Brunel. Ce dernier «amenait des jeunes filles [âgées de 12 à 24 ans] aux Etats-unis à des fins sexuelles», dénonce-t-elle par exemple. En France, il faut attendre la fin de l’été 2019 pour que les choses s’accélèrent. Tania* est l’une des premières à accuser Jean-luc Brunel. Le 9 septembre, cette ex-mannequin raconte aux enquêteurs comment elle avait été agressée, selon son récit, par le fondateur de l’agence Karin Models, (Paris, 8e). « Elle a expliqué qu’il l’avait droguée avec une boisson avant de la violer. Le lendemain, elle était totalement désorienté­e », confie à 20 Minutes une source proche du dossier. Lors de son séjour, elle affirme aussi avoir croisé de jeunes filles venues notamment des pays de l’est.

Si le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminai­re «sur la base des

« Il était urgent de dire qu’il n’est pas “en fuite”.» Corinne Dreyfus-schmidt, avocate de Jean-luc Brunel

Les faits semblent prescrits en France, pas aux Etats-unis.

éléments dans le cadre de l’affaire dite “Epstein” », la majorité des signalemen­ts que les enquêteurs ont reçus concernent en réalité Jean-luc Brunel, selon nos informatio­ns. «Mais toutes les filles ont un profil fragile, ce qui rend l’enquête compliquée », concède une source. Surtout, elles décrivent des faits qui semblent déjà prescrits en France. En revanche, aux Etats-unis, l’enquête se poursuit, même si Jeffrey Epstein est mort. « C’est sûr qu’il va bien falloir qu’on entende Brunel un jour», lâche une source policière. Et, selon son avocate, il entend bien «contester fermement » toutes les accusation­s. * Le prénom a été changé.

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A Palm Beach, la villa de Jeffrey Epstein, l’ex-mentor de Jean-luc Brunel.

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