20 Minutes (Toulouse)

« On veut être notre propre pays »

Les partisans du Brexit, que « 20 Minutes » a rencontrés, témoignent de leur déception face une situation qui s’éternise.

- De notre envoyée spéciale au Royaume-uni, Lucie Bras

Le gouverneme­nt de Boris Johnson a martelé dimanche que le Brexit aurait bien lieu le 31 octobre, même s’il a été contraint par son Parlement d’écrire à Bruxelles pour demander un report.* De quoi remobilise­r le camp des «Brexiters», particuliè­rement frustrés, comme l’a constaté 20 Minutes?

Le matin même, les rares passants croisés dans les rues de Romford étaient peu enclins à aborder le sujet, même si dans cette ville de la banlieue nord-est de Londres, on a voté à 70 % pour une sortie de L’UE. Des «j’en peux plus», «non merci», on a en a essuyé pas mal. Finalement, c’est Ann, 76 ans, qui a ouvert le bal : «J’ai voté pour partir et j’ai envie de leur dire : “Tenez-vous en à la décision populaire.” S’il y avait un second référendum, cela nous enlèverait notre liberté d’expression.»

Un peu plus loin, un peu plus tard, quelques retraités attablés à la table d’un café ont fait part de leur «colère » : « C’est pas qu’on vous aime pas, vous, les Français, ou même les autres Européens, a lâché Perry. Mais on veut continuer à faire des affaires. On veut prendre nos propres décisions politiques. On veut être notre propre pays. » Len s’est empressé d’ajouter : « On a été un pays indépendan­t pendant deux cents ans et je veux que ça reste comme ça. » « Les jeunes ont peur de ces changement­s parce que, pour eux, l’union européenne, c’est la norme, a estimé pour sa part Jerry. Mais nous, on a vécu sans, et c’était très bien. Ils s’habitueron­t. »

Des jeunes, justement, on en a rencontré près du centre commercial baptisé – on ne l’aurait pas inventé – Liberty. « On accorde trop d’avantages aux gens qui viennent dans notre pays. Nous, on doit travailler pour accéder à une couverture santé, mais eux, ils n’ont qu’à venir et ils y ont droit », a développé Deb, femme de ménage. Danny, boucher de son état, a affirmé que, s’il y avait un second référendum, il ne voterait peut-être pas : «C’est déjà fait, c’est une perte de temps.»

« Tous les partis, y compris ceux du Brexit, sont divisés. » Angela, «Remainer» de Romford devenue « Brexiter »

Le temps qui n’avance pas, d’ailleurs, et la lassitude qui en découle sont les seuls sentiments qu’ont en commun « Brexiters » et « Remainers ». Angela, 57 ans, faisait partie de ce dernier camp. « Tous les partis, y compris ceux du Brexit, sont divisés sur la question ! » a-t-elle relevé, dénonçant une situation absurde. Ce n’est peut-être pas pour rien que, s’il y avait un second référendum, elle voterait pour le Brexit. «Un nouveau délai? Comme c’est surprenant, a ironisé Alana, 26 ans. Mon père dit qu’ils vont continuer à repousser, repousser et repousser jusqu’à ce qu’on finisse par oublier!» Aujourd’hui, la jeune femme n’aspire qu’à une chose : «Passer à autre chose. »

 ??  ?? A Romford, près de Londres, dimanche matin. A nos lecteurs. Votre journal suspend sa parution papier jusqu’à vendredi. D’ici là, retrouvez «20 Minutes» en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez l’actualité sur tous nos supports numériques.
A Romford, près de Londres, dimanche matin. A nos lecteurs. Votre journal suspend sa parution papier jusqu’à vendredi. D’ici là, retrouvez «20 Minutes» en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez l’actualité sur tous nos supports numériques.
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Cette ville de la banlieue nord-est de Londres a voté à 70 % pour le Brexit.

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