Les bienfaits du petit-déjeuner pris à l’école
Dans une maternelle d’orly, des repas gratuits sont servis aux élèves un matin par semaine
«Maîtresse, tu peux me redonner de la tarte aux pommes ? », demande une élève de grande section de maternelle de l’école Paul-eluard, à Orly (Val-demarne). Depuis la rentrée scolaire, les enfants de l’établissement qui en ont besoin peuvent bénéficier d’un petit-déjeuner gratuit le vendredi. Une mesure qui découle du plan pauvreté annoncé il y a un an par le président de la République, et qui a été généralisée en septembre après avoir été expérimentée dans huit académies. En effet, selon une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) de 2015, 25% des 3-11 ans ne prennent pas de petit-déjeuner, les populations défavorisées étant les plus touchées. A l’école Paul-eluard, située en Réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP +), plusieurs élèves arrivent de fait le ventre vide. «Soit parce que les parents ont des problèmes financiers. Soit parce que les enfants déposés à l’accueil périscolaire de 7 h n’avaient envie de rien en partant de la maison », explique Luc Gaignard, inspecteur pédagogique d’orly. «Du coup, certains ont de vrais coups de barre vers 9h30-10 h ou sont tendus et se plaignent d’avoir faim au cours de la matinée», précise Isabelle Leclerc, professeure des écoles. Validé par un nutritionniste, le petit-déjeuner est servi entre 8h20 et 8h40. En règle générale, dans chaque classe, une dizaine d’enfants sur 25 y prennent part. Ce vendredi matin-là, c’était lait et poires, bananes ou compote, une brioche ou tarte aux pommes. Selon Martika Homand, une enseignante, «les élèves prennent plaisir à venir à l’école le vendredi parce qu’ils savourent ce moment particulier». C’est aussi «un moment où l’on peut discuter avec eux en petit comité», observe sa collègue Nawaël Haddoun.
Le dispositif a aussi une vertu éducative. «Cela nous permet de travailler avec eux sur l’hygiène et le gaspillage alimentaire », ajoute Martika Homand. C’est aussi l’occasion de renforcer le lien entre les parents et les enseignants : « Certains parents viennent aider à servir les enfants. On en profite pour leur rappeler l’importance de ce premier repas de la journée», explique Jacques Fargearel, le directeur. « Le but n’est pas que l’école se substitue à eux, insiste Luc Gaignard. Mais de les inciter à prévoir un petit-déjeuner avec leurs enfants.» Et le fait d’ingérer quelques calories peut avoir des effets sur la qualité d’écoute, avance Jacques Fargearel.
Si jamais le dispositif est concluant, il pourrait être étendu aux écoles élémentaires. En attendant, l’etat a prévu un budget de 6 millions d’euros en 2019, qu’il remboursera aux communes participantes. En 2020, ce montant sera doublé, a annoncé le gouvernement en avril.
Un moment convivial à portée éducative.