Prélever ses selles et les faire analyser, c’est utile ?
Prélever soi-même ses selles pour les faire analyser est possible, mais l’utilité scientifique de cet acte n’est pas encore démontrée
Qu’ont en commun les start-up Luxia Scientific, Nahibu ou encore Biopredix ? Toutes s’intéressent au microbiote intestinal, cette colonie de bactéries qui joue un rôle prépondérant dans notre santé. Car lorsqu’il dysfonctionne, il peut provoquer des maladies intestinales inflammatoires (maladie de Crohn, colopathie fonctionnelle…), de l’obésité et du diabète de type 2, voire une dépression. D’où l’intérêt de savoir comment il se porte. Mais recueillir ses selles à la petite cuillère pour les envoyer dans un laboratoire luxembourgeois, comme le propose, par exemple, Luxia Scientific avec son 1test1 (288 €), est-il réellement utile ou cela relève-t-il du gadget?
«Pas assez de recul»
Céline Logerot, diététicienne-nutritionniste à Paris, semble convaincue de l’avenir du 1test1, un de ses patients l’ayant expérimenté. «Il n’y a pas la volonté, derrière, de vendre des probiotiques, mais un souci de recherche qui m’a plu. Cependant, on n’a pas encore assez de recul pour savoir précisément dans quel domaine ce genre de test pourra être utile.» Guy Georges Gorochov, chef de service immunologie de l’hôpital Pitié-salpétrière (Paris), concède que «faire un recueil de selles chez soi, c’est plus pratique. Ce test est standardisé, alors que beaucoup sont différents d’un laboratoire à l’autre et leur résultat est très influencé par les conditions du prélèvement. Si au moment du recueil ou pendant le transport les bactéries se retrouvent à l’air libre longtemps, certaines vont disparaître. » Harry Sokol, gastrologue à l’hôpital Saint-antoine (Paris), est plus sceptique : «La réponse générique ne peut pas guider un quelconque traitement. Pour le moment, aucun [test] n’a démontré scientifiquement son utilité avec une cohorte importante de patients.» En un an, seulement une centaine de 1test1 ont été commercialisées.