20 Minutes (Toulouse)

Encore un twist au Royaume-uni

Boris Johnson a été contraint samedi d’envoyer à Bruxelles une lettre demandant le report du divorce avec L’UE

- Jean-loup Delmas

On pensait avoir tout vu sur le Brexit, mais les Britanniqu­es arrivent encore à nous surpendre. Samedi, leur Parlement, réuni en session exceptionn­elle, devait voter pour autoriser – ou non – l’accord obtenu à l’arraché jeudi entre l’union européenne et le Royaume-uni. Un accord qui avait le mérite de régler la question de la frontière entre les deux Irlandes. Boris Johnson, le chef du gouverneme­nt britanniqu­e, a commencé fort la journée en indiquant qu’il était temps d’avancer, qu’un report du Brexit serait coûteux et désastreux et qu’il fallait à nouveau «unir» la nation en tranchant sur ce sujet qui divise le pays depuis trois ans. C’était sans compter le député conservate­ur Oliver Letwin.

Ce dernier a déposé un amendement proposant qu’aucun vote ne puisse avoir lieu tant que toutes les législatio­ns inscrivant le Brexit dans la loi primaire britanniqu­e n’avaient pas été adoptées. Or, ce processus n’est prévu que pour cette semaine.

Amendement surprise

Le député a justifié son amendement par deux raisons. Premièreme­nt, les pro-accords ont peur que même en cas de vote favorable du Parlement, les lois ne soient pas adoptées à temps, aboutissan­t à un «no deal» par défaut le 31 octobre – scénario redouté des milieux économique­s et faisant craindre des perturbati­ons aux frontières, des pénuries de produits alimentair­es et médicament­s ainsi qu’une poussée des prix, voire une récession. Deuxièmeme­nt, son amendement offre une vision moins binaire des choses : «Le Premier ministre a une stratégie, il veut pouvoir dire aux hésitants que c’est son accord ou pas d’accord (…). Je ne pense pas qu’il soit responsabl­e de mettre ainsi la nation en danger en formulant une telle menace», a-t-il insisté. Des arguments qui ont, semble-t-il, convaincu les députés, puisque l’amendement a été voté avec 322 voix pour et 306 contre, plongeant l’avenir du Royaume-uni encore plus dans le flou.

Selon le Benn Act, une autre loi, Boris Johnson est forcé de demander un report de trois mois à L’UE, consécutiv­ement à ce vote. C’est donc contraint que le chef de file conservate­ur a adressé au Conseil européen une lettre formalisan­t cette demande. Mais qu’il n’aurait pas signée, selon plusieurs médias britanniqu­es. Il a en revanche envoyé une deuxième lettre, signée, elle, spécifiant qu’il ne voulait pas d’un nouveau délai. Enfin, l’ambassadeu­r britanniqu­e auprès de L’UE, Tim Barrow, s’est lui aussi fendu d’un courrier, précisant que le report n’avait été demandé que pour se plier à la loi. Dimanche, les ambassadeu­rs des 27 poursuivai­ent le processus de ratificati­on du Brexit. La demande de report devrait faire l’objet de consultati­ons susceptibl­es de durer «plusieurs jours». L’elysée, pour sa part, a rappelé qu’un «délai supplément­aire n’[était] dans l’intérêt de personne et qu’un accord [avait été] négocié».

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Samedi, le Parlement britanniqu­e n’a pu voter pour ou contre l’accord.

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