20 Minutes (Toulouse)

Les ours des Pyrénées suivis à la trace

En prévention des prédations des ursidés, des agents sillonnent les Pyrénées

- Béatrice Colin

La montagne ça se gagne. Surtout quand vous décidez de partir sur les traces de l’ours. Alors que sa présence suscite de vives polémiques depuis des années, les plantigrad­es sont suivis de près par les services de l’etat. Car leur nombre est passé de cinq ou six individus il y a un quart de siècle, à plus d’une quarantain­e aujourd’hui. Ce qui crée des remous sur les contrefort­s du massif, en particulie­r lors d’attaques de troupeaux dans les estives.

Pour vérifier si ces prédations sont imputables à l’ours, les membres de l’office national de la chasse et de la faune sauvage sont envoyés sur le terrain. Ainsi, David et Loïc, deux agents habitués à parcourir le massif dans les Hautes-pyrénées, sont à la recherche du moindre indice attestant la présence du plantigrad­e dans les parages. Ces contrefort­s escarpés, «c’est notre bureau» plaisanten­t-ils. Du 1er mai au 10 novembre, ils arpentent l’un des quinze circuits où les cinq plantigrad­es présents dans le secteur ont leurs habitudes.

Nouveaux dispositif­s

Cannellito, dernier descendant des ours de souche pyrénéenne par sa mère, Cannelle, abattue par un chasseur en 2004, a comme terrain de jeu préféré Saint-lary-soulan. Orphelin à 10 mois, « il a failli être déclaré mort, jusqu’à ce qu’il réapparais­se, il y a un peu plus de deux ans, dans la vallée du Rioumajou », relève David. Les randonneur­s ont peu de risques de le croiser. «Il fuit l’homme et peut nous sentir de loin, nous apprend David. Il a l’odorat 100000 fois plus développé que l’homme.» Après avoir passé plusieurs dizaines d’heures sur le terrain, les deux agents ont relevé des dizaines d’indices, que ce soit des empreintes ou des crottes. Parfois, ces animaux laissent aussi des traces de griffures. Des poils également, laissés sur des petits morceaux de barbelés ou sur l’écorce d’un arbre.

Tels des experts en criminolog­ie, David et Loïc dégainent pince à épiler et gants pour recueillir ces traces. Des prélèvemen­ts qui pourront faire l’objet d’analyses ADN afin de déterminer une cartograph­ie de leur présence. Avant de repartir, ils laissent sur chaque arbre, du « smola », une essence de hêtre dont l’odeur plaît aux animaux. Quelques mètres en contrebas, deux appareils photos sont camouflés sur des arbres. Ils se déclenchen­t lors du moindre mouvement. L’un des deux envoie en direct les images sur des portables. « Trois éleveurs en sont destinatai­res, assure David. Cela leur permet de savoir si un ours se trouve dans le secteur. » C’est l’un des dispositif­s mis en place pour donner aux bergers de meilleures infos et ainsi tenter d’apaiser les tensions.

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Deux agents sont à la recherche d’indices concernant la présence de l’ours.

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