Le gouvernement blâme EDF sur la gestion du chantier sans fin de L’EPR de Flamanville
L’exécutif a reçu un rapport sur le réacteur EPR de Flamanville (Manche), qui pointe de nombreux dysfonctionnements
Avec ses délais à n’en plus finir et ses coûts astronomiques, le chantier de L’EPR de Flamanville est un ratage industriel. Et c’est le gouvernement qui le dit. « C’est un échec pour toute la filière électronucléaire française », a constaté le ministre de l’economie, Bruno Le Maire, lundi, à l’occasion de la remise d’un rapport sur la construction chaotique de ce réacteur nucléaire 3e génération. Son démarrage est désormais programmé pour décembre 2022, dix ans après la date prévue.
Un chantier maudit
Le gouvernement avait lancé cet audit début juillet, alors que l’autorité de sûreté nucléaire venait de demander à EDF de réparer des soudures difficilement accessibles sur L’EPR. Irrité par cette énième péripétie, Bruno Le Maire avait promis de faire toute la transparence sur le dossier. La mission avait été confiée à Jean-martin Folz, ancien PDG de PSA. Son rapport, présenté lundi, très synthétique, liste les nombreux dysfonctionnements qui ont conduit L’EPR de Flamanville à devenir un chantier maudit. Au-delà des causes «techniques» (mauvaises soudures, pièces non conformes), le document pointe aussi de nombreuses causes structurelles comme étant à l’origine des retards à répétition.
Pour Jean-martin Folz, la gouvernance du projet a été «inappropriée» : pendant neuf ans, aucun «chef de projet » n’a été clairement désigné au sein D’EDF. Ce n’est qu’en 2015 qu’une personne à temps plein a été nommée. Plus problématique, le rapport pointe aussi « une perte de compétences généralisée » (lire l’encadré) et, concrètement, une pénurie de soudeurs qualifiés. « La plupart des soudures de Flamanville ont dû être réalisées par des sous-traitants étrangers », a rappelé Bruno Le Maire. Malgré ce bilan sans concession sur le chantier de L’EPR, le gouvernement n’entend pas remettre en cause l’avenir de la filière nucléaire en France, du moins à court terme. Bruno Le Maire a seulement demandé «un plan d’action» à EDF pour que l’entreprise tienne compte des problèmes relevés.
Après la remise du rapport, la ministre Elisabeth Borne a confirmé qu’aucune décision ne serait prise sur d’éventuels nouveaux réacteurs avant la mise en service de Flamanville.