«On invente des problèmes »
Les sénateurs examinent une proposition de loi sur la question, ce mardi
Deux mères voilées ayant participé à des sorties scolaires témoignent pour «20 Minutes», alors que le Sénat examine ce mardi une proposition de loi sur la question.
Il est rare qu’on les entende. Les mères voilées accompagnatrices de sorties scolaires seront encore au centre des débats, ce mardi. Les sénateurs vont en effet examiner une proposition de loi (LR) qui vise à étendre l’interdiction, par la loi du 17 mars 2004, des signes religieux ostensibles à l’école « aux personnes qui participent, y compris lors des sorties scolaires, aux activités liées à l’enseignement dans ou en dehors des établissements ».
«A chaque période électorale, le sujet revient sur la table, comme s’il n’y avait pas d’autres priorités en France», s’étonne Anissa, mère de trois enfants aux Pavillons-sous-bois (Seine-saintdenis). « On invente des problèmes là où il n’y en a pas. Le voile, ce sont les politiciens et les médias qui en parlent sans cesse, observe Maïssa, mère de quatre enfants à Argenteuil (Val-d’oise). Dans la vie courante, personne ne me fait des remarques. »
Anissa,
Cette dernière, qui porte le voile depuis 2007, a souvent accompagné des sorties scolaires sans que cela pose problème. «Les chefs d’établissement et les enseignants m’ont souvent félicitée de vouloir rendre service et de m’impliquer dans la vie de l’école», se souvient-elle. Pour Anissa, les choses ont été moins faciles. «Pendant des années, j’ai participé à des sorties scolaires alors qu’il y avait très peu de mamans voilées dans les écoles de mes enfants», raconte-t-elle. Jusqu’à un jour de 2014 où elle s’est proposée pour accompagner une sortie scolaire de la classe de sa fille. « La maîtresse a dit à ma fille en pleine classe:“non, ta mère ne peut pas venir, parce qu’elle est voilée”, raconte Anissa. Ma fille était choquée. Je l’ai vécu comme une discrimination. » Depuis cet incident, elle n’a plus pris part à des sorties.
Pour les deux femmes, le port du voile est une liberté qu’elles revendiquent. «Je crois à une laïcité d’inclusion, pas d’exclusion, assure Anissa. Le port du voile est un choix spirituel. Je ne comprends pas pourquoi je dois toujours me justifier de cela... J’ai été heurtée par les propos du minisitre de l’education Jean-michel Blanquer disant que le voile n’était “pas souhaitable dans notre société”. Je ne sais pas pourquoi on taxe tous les musulmans de faire du communautarisme. Il faut arrêter avec ces clichés-là », tempête Anissa.
« La maîtresse a dit à ma fille : “Ta mère ne peut pas venir, parce qu’elle est voilée.” » mère de trois enfants