La montagne est une affaire de riches, selon des chercheurs
Des chercheurs toulousains démontrent que la montagne reste réservée aux classes aisées
La montagne ça vous gagne… mais seulement si vous gagnez bien votre vie. C’est du moins la conclusion de huit chercheurs européens spécialisés qui viennent de se réunir à Toulouse, à l’occasion d’un colloque organisé par l’observatoire transfrontalier des refuges des Pyrénées, créé en 2018 par l’université Paul Sabatier.
Politique volontariste
En s’appuyant sur deux études menées dans les refuges pyrénéens et sur les activités de montagne, les historiens et sociologues ont comparé la démocratisation de l’accès à la montagne dans les Alpes et dans les Pyrénées. « On constate des écarts notables entre les différentes catégories sociales avec une surreprésentation des catégories aisées et plus diplômées, qui atteignent les 30 %, soit plus que leur poids dans la population française, souligne Olivier Hoibian, historien et sociologue à l’université Paul-sabatier. Les ouvriers ne représentent eux que 14%. Cela recoupe une enquête sur l’alpinisme, le parapente et l’ultratrail où il y a la même représentation.»
«Un ensemble de barrières sociales et culturelles font que la montagne apparaît comme un lieu de loisirs des classes aisées, détaille Olivier Hoibian. La mobilisation des pouvoirs publics pour démocratiser la montagne a reculé dans les années 1980. Et si depuis la création des congés payés, les Français étaient plus nombreux à partir en vacances, ce n’est plus le cas puisqu’une étude en 2004 montre que si 60 % prenaient des congés, ils ne sont plus que 52% en 2008.»
Les collectivités tentent de remédier à ces inégalités en amenant les scolaires à la montagne et en les sensibilisant à leur faire découvrir ce milieu. La Haute-garonne a par exemple lancé une politique volontariste pour l’accès des collégiens aux Pyrénées. La région travaille aussi sur cette problématique en simplifiant la réglementation d’accès des scolaires pour l’hébergement dans les refuges.