Il est l’heure, mes seniors
Avec l’âge pivot fixé à 64 ans, garder en poste et recruter les employés les plus âgés vont devenir des enjeux majeurs.
Travailler plus longtemps, d’accord, mais encore faut-il en avoir un, de job. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé le 11 décembre la création d’un âge pivot fixé à 64 ans en 2027 pour les retraites. Problème : le taux d’emploi des seniors n’est pas mirobolant en France. Selon un rapport de la Cour des comptes publié en octobre, il était de 52,3 % en 2019 pour les 55-64 ans, mais d’à peine 31 % pour les 60-64 ans.
Si la situation de nos têtes blanches sur le marché du travail est grave, elle est loin d’être désespérée. Car des leviers pour aider les entreprises à conserver leurs seniors n’ont pas été suffisamment actionnés. « Il faut systématiser les entretiens de deuxième partie de carrière, où l’on va interroger le senior sur ses souhaits d’évolution et où l’on va adapter ses compétences aux besoins des entreprises », indique Frédéric Guzy, directeur général d’entreprise & Personnel, organe de conseil en ressources humaines pour les entreprises.
De son côté, l’association nationale des DRH (ANDRH) suggère la création d’un index pour l’emploi des seniors, afin que les entreprises affichent leur effectif, le taux de ceux qui sont formés, les recrutements des plus de 45 ans et les taux de départs à la retraite après l’âge légal… « Les RH peuvent y voir une contrainte administrative supplémentaire, mais l’index senior peut déclencher une prise de conscience », explique Jean-paul Charlez, président de l’association, au Monde.
Reste à trouver des solutions pour les seniors demandeurs d’emploi. Pour que les entreprises soient moins réticentes à les recruter, une des idées serait de « baisser le coût du travail pour l’embauche d’un senior, via des allégements de charges proposés aux entreprises », indique Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). A condition « de les coupler avec des mesures d’accompagnement [formation, tutorat…] », insiste Frédéric Guzy. Une idée préconisée aussi par la Cour des comptes dans un récent rapport qui suggérait « d’expérimenter une aide à l’employeur pour les CDD seniors ». A coup sûr, certaines de ces idées seront reprises dans le rapport demandé par Edouard Philippe à Sophie Bellon, présidente du conseil d’administration de Sodexo, sur l’emploi des seniors, qui sera remis en janvier.
Il faudrait « baisser le coût du travail pour l’embauche d’un senior. » Eric Heyer, de L’OFCE