Les avocats toujours mobilisés
«On n’en était jamais arrivé là : 164 barreaux en grève, des milliers d’avocats dans la rue », sourit amèrement Xavier Autain. Perché sur le camion qui ouvre le cortège, l’avocat, membre du conseil de l’ordre du barreau de Paris, regarde ses confrères battre le pavé entre la Bastille et la place de la Nation, lundi. Ils étaient 15 000 selon le Conseil national du barreau à être venus dénoncer la réforme des retraites, à la veille d’une réunion décisive entre les instances représentatives de la profession et le Premier ministre. Si la réforme était adoptée, leur caisse, gérée par la profession et à l’équilibre, serait absorbée par le régime général. Une fusion qui aboutirait, selon le syndicat des avocats, à un doublement des cotisations pour les professionnels gagnant jusqu’à 40000 € (de 14 à 28%).
«C’est dur de se projeter, d’imaginer l’avenir du cabinet avec une telle réforme.» Pour beaucoup, à l’image de Catheline Modat, 40 ans, vice-présidente de la Fédération nationale des jeunes avocats, l’avenir ressemble à un point d’interrogation géant. Son cabinet, monté il y a cinq ans avec deux associés et qui compte désormais trois collaborateurs, pourra-t-il faire face à une telle augmentation des charges? « Il faudra peut-être que je me sépare de certaines personnes », soupire-t-elle. Au-delà même de leur retraite, c’est une vision de la profession que les grévistes mettent en avant : l’augmentation des cotisations met en péril la défense des plus précaires. « C’est le droit à une justice équitable, la base même de notre démocratie, qui est menacé », déplore Meriem Ghenim, avocate en Seine-saint-denis.