Une énigme levée sur le déplacement de reptiles volants
Sciences Près de Cahors, des paléontologues ont levé l’énigme du déplacement de reptiles volants
Créatures les plus énigmatiques de la paléontologie, les ptérosaures, ces reptiles volants du Jurassique, avec leurs ailes tendues de peau, leurs pieds à cinq doigts, et leurs nombreuses dents acérées, ont laissé des traces sous forme de fossiles et de squelettes. Mais dans le Lot, à Crayssac, un endroit magique baptisé la plage aux ptérosaures, leurs empreintes sont bien plus édifiantes. « Il y a 150 millions d’années, c’était une plage de boue où des ptérosaures, mais aussi des dinosaures, des crocodiliens, des tortues marchaient. Ils ont laissé des traces, qu’on retrouve aujourd’hui gravées dans le sol devenu calcaire », explique Jean-michel Mazin, paléontologue retraité du CNRS, qui fouille depuis vingt-cinq ans ce site situé près de Cahors avec l’association Paleoaquitania.
Et parmi les nombreuses pistes, celles, énigmatiques, d’un ptérosaure archaïque, à grandes ailes et pas vraiment profilé, font débat depuis deux siècles. «On se demandait s’il marchait, et si oui, sur deux ou quatre pattes. D’autres imaginaient qu’il ne se posait pas », détaille Jean-michel Mazin.
Pas plus gros qu’un rat
Alors, depuis deux ans, avec sa collègue paléontologue Joane Pouech, il suit la fameuse piste de cet oiseau pas plus gros qu’un rat et présumé maladroit. Les chercheurs ont mesuré, extrapolé, modélisé, mouliné. Au début du mois de février, dans une publication dans la revue scientifique internationale Geobios, ils ont livré leur verdict sur « le dernier groupe d’animaux vertébrés qui gardait son mystère » : « Cette lignée de ptérosaures marchait à quatre pattes, et plutôt bien », assure Jean-michel Mazin. L’annonce, « bien accueillie », a fait grand bruit dans le monde de la paléontologie. « Un collègue a même parlé de Saint Graal », assure le spécialiste.