Après une soirée de tensions, place aux actions
Les récompenses attribuées au film de Roman Polanski ont créé l’envie de réagir
Des messages en points majuscules ou en lettres capitales, des réactions postées sur Instagram avant d’être effacées (lire l’encadré), des acteurs et actrices se disant « dégoûtées ». Le monde du cinéma était encore en tension ce week-end, après une cérémonie des César vendredi qui a vu le film de Roman Polanski, J’accuse, remporter trois victoires, dont deux qui désignent explicitement son réalisateur, accusé de violences sexuelles par 12 femmes.
«Une autocritique s’impose»
Adèle Haenel, qui a témoigné d’agressions sexuelles de la part du réalisateur Christophe Ruggia, est revenue sur cette soirée dans Mediapart, accusant les votants et les votantes d’avoir renvoyé les victimes au « silence ». « J’ai été terrassée, effrayée, dégoûtée », a aussi déclaré l’actrice Aïssa Maiga. Nombre d’acteurs et d’actrices prenaient fait et cause pour Adèle Haenel et Céline Sciamma, la réalisatrice de Portrait de la jeune fille en feu, film reparti avec un seul trophée. « Abasourdie. Une autocritique sévère s’impose », a commenté l’actrice Déborah François.
Dans un communiqué, le collectif 50/50, engagé pour l’égalité et la diversité dans l’industrie cinématographique, a exprimé son « indignation ». Jointe par 20 Minutes, Sandrine Brauer, cofondatrice du collectif, a estimé qu’il était «urgent de tirer les leçons» de ce qu’il s’est passé aux César. Mais la productrice (En compagnie des lamas) veut voir aussi du positif, comme le césar du meilleur premier film attribué à Mounia Meddour, celui du meilleur film à Ladj Ly et «l’élégance» de Swann Arlaud, primé meilleur second rôle pour Grâce à Dieu, qui a déclaré que « les artistes peuvent dire des choses que le silence tente d’étouffer». Après les réactions, des actions sont déjà en cours. Le collectif 50/50 organise cette semaine ses états généraux de lutte contre le harcèlement dans l’audiovisuel. Suivront le 12 mars le premier groupe de travail du CNC pour réformer l’académie des César et en avril le vote permettant de renouveler la direction de l’association qui organise la cérémonie.