Le smartphone, «outil nécessaire» pour informer les jeunes
L’infectiologue Benjamin Davido estime le recours au smartphone essentiel face à l’épidémie
Pourquoi le gouvernement ne parvient-il pas à freiner la propagation du Covid-19 ? Alors que les contaminations sont en forte hausse chez les jeunes, comment capter, dépister et isoler les asymptomatiques? Eléments de réponse avec Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-poincaré de Garches (Hauts-de-seine).
Comment expliquer que l’épidémie continue à progresser malgré les mesures restrictives prises dans les zones d’alerte maximale ?
Faute de mieux, le gouvernement prend des mesures coercitives, comme la fermeture des bars ou des salles de sport. Il s’agit de diminuer les contaminations par l’intermédiaire des asymptomatiques. Mais je ne pense pas qu’il faille fermer tous les lieux publics fréquentés par les jeunes, au risque qu’ils se reportent sur des soirées dans des lieux privés. Jusqu’à présent, on n’a pas fait passer le bon message. Aujourd’hui, il y a trois fois plus de contaminations chez les jeunes que dans les autres tranches d’âge. Probablement parce qu’il n’y a pas eu de mesures de pédagogie.
Comment changer la donne ?
Pour sortir d’une épidémie qui dure, il faut désamorcer l’angoisse et sortir de la coercition. Car on est dans une sorte de semi-confinement qui ne dit pas son nom, qui est contradictoire avec le message selon lequel nous devons apprendre à vivre durablement avec le coronavirus. Nous devons être capables de rendre visible ce que l’on ne sait pas voir aujourd’hui : les jeunes asymptomatiques, qui sont aussi contagieux que ceux qui ont des symptômes. Il faut faire de la prévention auprès d’eux, mieux adapter les outils et le message. A mon sens, cela ne peut passer que par les smartphones : 99 % des moins de 25 ans en ont un. Se priver de cet outil numérique est une folie.
Quelle serait la méthode de communication pour faire passer un message de prévention efficace ?
Les gens ont pris la mesure de l’épidémie. La preuve, ils portent le masque. Ce qui nous manque, c’est un starter rassurant. Si on parvient à rendre « ludique » le fait d’être positif asymptomatique en créant des applis, en montant des défis sur les réseaux, quelque chose d’incitatif qui valorise le fait qu’une personne potentiellement contaminée s’isole et convainque ses cas contact de se faire dépister, on serait dans une dynamique complètement différente.