Des cadres tricolores ne peuvent plus encadrer Diacre
La sélectionneuse des Bleues est fortement critiquée par une partie de ses cadres
On pourrait dire que l’absence de Corinne Diacre d’un stage qu’elle a animé depuis son canapé (voir encadré) a délié quelques langues. Enfin surtout celles des Lyonnaises, chauffées à blanc par les épisodes précédents : le retrait du capitanat à Wendie Renard en arrivant, les critiques à Eugénie Le Sommer pour la pauvreté de sa Coupe du monde en 2019, Sarah Bouhaddi qui se retire du jeu parce qu’en désaccord avec son management, et, enfin, disait-on, la non-sélection pour le rassemblement d’octobre d’amandine Henry, la capitaine des Bleues et sa meilleure joueuse ou pas loin. Une décision qui a fait sauter les dernières digues de convenance. Ses coéquipières en club et en sélection l’ont d’autant mal pris qu’elles s’étaient précipitées la veille sur Noël Le Graët, en visite à Lyon. Leur message, en substance? «Ça ne peut plus durer comme ça.» Réponse du président de la Fédé? «Je ne peux rien faire pour vous.» L’absence d’henry le lendemain a donc été interprétée en interne comme une vengeance, presque un acte de guerre.
Wendie Renard est montée au front sur Canal+ après un match de championnat : « Dans une entreprise, si on arrive tous les matins et qu’on a eu des désaccords avec le patron, on n’est pas serein, on n’est pas calme. Ça ne peut pas continuer.» En réponse, vendredi, lors du match face à la Macédoine du Nord en éliminatoires de l’euro 2022 (victoire 11-0), Diacre, à distance, a laissé Wendie Renard et sa coéquipière lyonnaise Amel Majri sur le banc de touche. Ce qui ne devrait pas apaiser les tensions.
Froide et distante
Le caractère franc du collier de la sélectionneuse était en effet compris dans le package, lors de sa nomination. A la fédération, il se murmure même qu’elle avait été choisie pour son profil « redresseuse de torts », histoire de mater un vestiaire un peu trop sûr de lui, parfois. «Quand Corinne a été recrutée, elle répondait à tous les critères, analyse Fabien Petit, ancien conseiller de Valérie Gauvin, toujours au fait de la psychologie du groupe tricolore. Ancienne joueuse, ancienne internationale, ancienne entraîneuse, une femme avec une expérience dans le haut niveau masculin, elle cochait toutes les cases.» A part celle de la communication, s’entend.
En face, ses détracteurs ne se gênent pas pour la dépeindre sous un jour peu engageant : autoritaire, distante, froide, prenant des airs de policier politique quand elle surprend un membre du staff à discuter discrètement avec une joueuse, selon RMC. Un management à la culotte, que les plus anciennes, habituées à être associées aux décisions importantes dans leur club, ont du mal à supporter. «C’est triste de voir l’ambiance à couteaux tirés qu’il y a au sein du groupe, souffle une figure du foot féminin tricolore. Diacre a sans doute des défauts, mais on a l’impression qu’aucun sélectionneur ne fait jamais l’affaire, c’est donc que le problème est plus profond.»