Des croix ont semé l’effroi à l’église de la Dalbade
Pour Halloween, «20 Minutes» vous fait découvrir des histoires étranges, comme celle de l’église de la Dalbade, au XIIIE siècle
Des histoires de maisons hantées, Toulouse en a connu. L’une des plus récentes fut certainement celle de l’hôtel particulier désaffecté du 1, allée Paul-feuga, à quelques pas de la Garonne, où des rumeurs de fantômes bruissaient il y a quelques années. Mais dès que les lieux ont été occupés, elle s’est éteinte rappelle Yves Lignon, auteur du Petit guide scientifique du voyageur au pays du paranormal (éd. La Vallée heureuse).
Le rôle des croyances
Pour ce spécialiste des phénomènes inexpliqués, c’est une tout autre histoire qui garde, pour lui, une part de mystère. Celle des apparitions de croix sur la façade de Notre-dame de la Dalbade. Elle remonte à une période plus troublée de l’histoire toulousaine. En 1210, la croisade contre les Albigeois fait rage dans la région. Le comte de Toulouse, Raymond VI, s’y est rallié, sans réelle conviction. Dans une période où les croyances jouent un rôle prépondérant en politique, le mystique peut être un moyen de manipuler les foules. Et c’est une question qui se pose en lisant une des chroniques de Pierre des Vaux-decernay, un moine dévoué à la cause de Simon de Montfort, bourreau des Cathares.
« Près du palais du comte de Toulouse s’élève une église dont les murs extérieurs ont été récemment blanchis, raconte le religieux. Un soir on vit apparaître sur toute leur surface une infinité de croix argentées de toutes tailles et en mouvement. Elles apparaissaient et disparaissaient. » Cette chronique fait référence à l’ancienne église de la Dalbade, construite en 541 et ravagée en 1442 lors d’un incendie. Le phénomène s’arrêta comme il avait commencé, mais devint un véritable prodige pour les habitants de la Ville rose. Avec l’esprit d’un homme du XXIE siècle, on se dit que la ficelle est grossière, qu’il suffit de projeter sur un mur blanc des images depuis la fenêtre d’un appartement voisin pour que le tour soit joué. « On peut penser à une machination de l’évêque contre le comte de Toulouse, alors que les Croisés se trouvent aux portes de la ville », relève le spécialiste. Surtout lorsque l’on sait que l’évêque de l’époque, connu sous le nom de Foulquet de Toulouse, est l’un des rares appuis du pape dans le secteur.
Mais pour Yves Lignon, ce cas fait partie de ceux qui restent tels un point d’interrogation. « Qu’il y ait eu un enjeu à faire croire qu’il s’agit d’un miracle, à manipuler les foules en jouant sur le doute et le merveilleux, cela n’aurait pas été nouveau. Mais comment pouvait-on faire apparaître cette image à une époque où l’appareil de projection – la lanterne magique – n’existait pas et n’a été inventé bien après ? Pour moi, cela reste un mystère que la science ne peut pas expliquer », conclut-il.