Le rat-trompette sonne l’alerte
Un nouveau plan d’action national va être lancé et se poursuivre jusqu’en 2030 pour sauver ce petit animal si discret
Lancé en 2014, le programme européen Life+ Desman est désormais terminé. Mais le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) Occitanie, basé à Toulouse, planche déjà sur la suite, afin d’assurer la survie du très discret Galemys pyrenaicus, appelé aussi rat-trompette. Car les nouvelles ne sont pas très bonnes pour le petit animal d’une longueur de 23 à 27 cm, dont la moitié pour la queue.
Difficile à observer
Espèce endémique des Pyrénées et du nord-ouest de la péninsule ibérique, seulement découverte en 1811, cet insectivore semi-aquatique se fait de plus en plus rare. Et pas seulement parce que ce poids mouche (entre 50 et 80 gr), essentiellement nocturne, est très difficile à observer. « On travaille sur son aire de répartition, explique Mélanie Némoz, du CEN
Occitanie. Or, celle-ci a diminué de 50 à 60 % en l’espace d’une vingtaine d’années. » Un constat valable au Portugal, en Espagne, en Andorre comme en France, où la population se morcelle. « Il existe trois noyaux, dans l’ouest des Pyrénées, au centre de la chaîne et dans l’est, en Ariège, dans l’aude et les Pyrénées-orientales, où l’on trouve les plus belles populations. » Mélanie Némoz coordonne un Plan national d’action desman (PNAD), auquel le CEN Occitanie met la dernière main, avant un lancement prévu début 2021 sous l’égide du ministère de l’ecologie. «Au cours des dix années du PNAD, nous voulons travailler sur des secteurs clé, avec des mesures comme l’acquisition de sites », explique la spécialiste de ce curieux cousin de la taupe. Si ces noyaux sont pérennisés, il sera temps ensuite d’étudier le moyen de les reconnecter, grâce aux enseignements tirés du programme Life+ Desman. Les différents acteurs du secteur hydraulique ont appris à travailler ensemble pour préserver des berges naturelles, où le desman s’abrite, et la connectivité des cours d’eau, pour que l’animal ne se retrouve pas piégé.
« C’est d’autant plus important que l’on a découvert il y a peu de temps que les desmans pouvaient faire des déplacements de quelques kilomètres en un ou deux jours, et non pas entre 500 m et un kilomètre comme on le pensait auparavant », reprend Mélanie Némoz. Autre enseignement récent : « Sur trois individus que l’on a capturés, deux émettaient des ultrasons. On peut donc imaginer des ultrasons pour les repousser des zones dangereuses ou, à l’inverse, pour les capturer. » L’animal est ensuite équipé d’une puce. Life+ Desman a aussi permis de médiatiser ce petit mammifère, grâce à diverses initiatives comme la Caravane du Desman. Une « célébrité » que le rat-trompette met au service d’autres animaux également en danger (musaraignes aquatiques, euproctes des Pyrénées…). « Le desman est une espèce parapluie, synthétise Mélanie Némoz. Quand on travaille sur sa préservation, on travaille aussi sur celle d’autres espèces. »