Dans le vrai bureau des ovnis
Ce lundi, Canal+ diffuse «Ovni(s)», inspirée du Geipan, à Toulouse, un service qui planche sur les objets volants non identifiés
Plus personne n’y fume comme un pompier et la moustache n’y est plus franchement tendance. Mais le Geipan, le Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (ex-gepan) existe bel et bien à Toulouse. Comme dans Ovni(s) (lire aussi p.12), la série loufoque qui démarre ce lundi sur Canal+, il occupe un « petit » rez-de-chaussée du site du Cnes et abrite une modeste équipe, « l’équivalent de quatre temps plein ». On y retrouve le « mur des émotions », tous ces dessins que les témoins de phénomènes étranges restituent. Et comme dans la fiction, on y cultive un certain sens de l’autodérision. « J’ai relu le scénario, mais nous n’avons pas validé le contenu, explique Roger Baldacchino, le vrai responsable du Geipan version XXIE siècle. J’ai vu les quatre premiers épisodes. La série est décalée, agréable à regarder. » Bon, non, « Ariane n’est pas un programme allemand », mais l’ingénieur comprend que les ressorts scénaristiques s’affranchissent parfois de l’orgueil scientifique des nations.
Des résultats publiés en ligne
Dans la vraie vie, le Geipan reçoit en moyenne « 600 sollicitations par an qui donne lieu à 150 enquêtes». «Les gens ont parfois la crainte de passer pour des farfelus, mais pour nous un témoin est toujours honnête quelle que soit la chose étrange qu’il a vue et qui souvent l’a effrayé », insiste Roger Baldacchino. Quitte à décevoir notre côté X-files, le Geipan «ne travaille pas sur le paranormal ». Avec un réseau d’une vingtaine d’enquêteurs bénévoles et autant d’experts, il instruit, analyse, décortique avec méthode les témoignages. Des interfaces bien rodées avec l’armée ou la Direction générale de l’aviation civile, accélèrent parfois le processus. Et le service met un point d’honneur à publier tous ses résultats sur la Toile. « On arrive à expliquer 60% des cas», assure Roger Baldacchino. Entre les traces radars des avions qui, «vus sous une certaine perspective peuvent ressembler à des gros cigares », les données sur les phénomènes astronomiques et météo, la majorité des mystères trouvent une explication rationnelle.
Dans 30% des cas environ, par manque de précision des témoignages et des données, le Geipan a une hypothèse plausible, mais ne peut pas la certifier.
Et puis, il y a les fameux dossiers «classés D », les cas inexpliqués, qui continuent de faire fantasmer ou frissonner. Comme ce « rond jaune avec une barre verte» surgit en 2019 en pleine nuit en rase campagne… Peut-être un drone. Peut-être autre chose. Avec la série, Roger Baldacchino se dit que le téléphone va sonner de plus belle à Toulouse. Après une année 2020 déjà anormalement agitée et un pic à plus de 1 000 signalements. La faute au ciel souvent dégagé des soirées confinées du printemps. Mais aussi au programme de satellites Starlink, du milliardaire Elon Musk.