Les démocrates prêts à tourner le dos aux républicains
Des élus de la majorité veulent mettre fin à l’obstruction parlementaire plutôt que de négocier avec les républicains au Sénat
Aux Etats-unis, on appelle cela « l’option nucléaire ». Alors que les démocrates disposent de la plus petite majorité possible au Sénat (51-50 avec la voix de la vice-présidente, Kamala Harris), certains élus réclament à leur leadeur, Chuck Schumer, d’enterrer le filibuster, une vieille règle sur l’obstruction qui permet à l’opposition de bloquer tout projet de loi n’ayant pas le soutien de 60 sénateurs sur 100. Cela libérerait le président des Etats-unis, Joe Biden, pour ses réformes, mais n’enverrait pas le message d’unité promis. Avec 50 sièges chacun, les deux partis négocient actuellement un accord de partage du pouvoir au Sénat. Le patron de la minorité républicaine, Mitch Mcconnell, exige que les démocrates et Chuck Schumer s’engagent à protéger le filibuster. Mais, face à l’obstruction extrême des républicains pendant la seconde partie du mandat d’obama, passer à une simple majorité est la seule solution pour éviter l’impasse, estiment de nombreux progressistes. Les élections de la mi-mandat étant traditionnellement compliquées pour le parti au pouvoir, les démocrates savent aussi que, s’ils activent l’option nucléaire, Mitch Mcconnell n’aura aucun scrupule dans deux ans, si les républicains regagnent le contrôle du Sénat.
« Réconciliation » en vue ?
Si l’obstruction parlementaire reste en place, Joe Biden pourra cependant compter sur le processus de «réconciliation». Les lois qui ont un impact significatif sur le budget peuvent en effet être votées à la simple majorité. Et Bernie Sanders, qui préside le comité du budget au Sénat, a prévenu que les démocrates seraient «agressifs».
Sanders espère y recourir pour le plan de relance de l’économie de 1 900 milliards de dollars (1560 milliards d’euros) annoncé par Joe Biden. Il n’est toutefois pas garanti que la réconciliation puisse s’appliquer à toutes les mesures, notamment la hausse du salaire minimum. Jeudi, la porte-parole de la Maison-blanche, Jen Psaki, a assuré que Joe Biden préférait parvenir à un accord plutôt que de passer par la réconciliation. Mais, alors que des républicains modérés semblent traîner des pieds, la press secretary a prévenu : avec le Covid et la crise économique, « il faut agir vite».