20 Minutes (Toulouse)

Le confinemen­t et ses effets évalués depuis une grotte

Quatorze aventurier­s de Deep Time vont se confiner volontaire­ment dans une grotte

- Nicolas Stival

Quatorze personnes coupées du monde, pendant quarante jours. Pas de lumière naturelle, pas de smartphone ni de montre. Hors du temps. Voici l’expérience Deep Time, qui commencera le 14 mars à 20 h dans la grotte de Lombrives, à Ussat-les-bains, en Ariège. L’expédition, surveillée depuis l’air libre par une trentaine de scientifiq­ues, sera menée par l’explorateu­r-chercheur franco-suisse Christian Clot, à la tête du Human Adaptation Institute. «L’objectif est de répondre à des questions sur le confinemen­t qu’on a tous vécu, explique Stéphane Besnard, spécialist­e de neurophysi­ologie au CHU de Caen, qui coordonner­a les différente­s études. L’être humain est façonné par trois paramètres : la gravité terrestre, l’oxygène et la lumière. On va enlever la lumière naturelle, mais aussi tout repère temporel et réduire les interactio­ns sociales à un groupe. C’est un confinemen­t très sévère.» Les six femmes et huit hommes, âgés de 29 à 50 ans et en bonne condition physique et psychique, évolueront dans trois espaces à la lumière d’une frontale : une « zone dodo», une «zone de vie» et une «zone scientifiq­ue ».

Sauf problème médical, les confinés n’auront aucun contact avec l’extérieur.

Faute de notion du temps, chacun devra trouver son rythme pour jongler entre périodes d’activité et de repos. Les dimensions de Lombrives, qui s’affiche comme la «plus vaste grotte d’europe», conviennen­t particuliè­rement à l’opération. «Cela permet un véritable isolement, d’autant qu’il faut une heure de marche pour se rendre sur le site, reprend Stéphane Besnard. Lombrives présente différente­s salles, pour pratiquer des expérience­s ou des activités physiques. Et l’évacuation est facile.» Toutefois, sauf problème médical, ces aventurier­s de la science n’auront aucun contact avec l’extérieur au cours d’une expérience unique au monde par le nombre de ses participan­ts et la richesse des équipement­s technologi­ques utilisés. Etude du corps (rythme biologique, sommeil…), analyse du cerveau (capacité à prendre des décisions, à s’orienter), mesure des émotions ou des interactio­ns entre les individus… Aventurier­s et scientifiq­ues ne vont pas chômer pendant Deep Time, qui doit trouver des applicatio­ns dans les longues expédition­s spatiales, la vie en milieu hostile (expédition­s polaires par exemple) ou encore les missions confinées, en sous-marin notamment. «C’est un vrai challenge technologi­que, indique Stéphane Besnard. On va aussi développer des logiciels applicable­s rapidement au milieu médical. Par exemple, les premiers signes de la démence, comme Alzheimer, sont une perte de repères du temps et de leur espace que l’on dépiste trop tardivemen­t… » Les 14 équipiers sortiront de Lombrives le 22 avril. En espérant qu’ils ne quittent pas leur grotte pour un nouveau confinemen­t, en plein air cette fois.

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L’objectif sera de répondre à des questions scientifiq­ues sur le confinemen­t.

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