Se faire une scène sans contraintes sanitaires, c’est possible, mais non sans crainte dans l’air
Depuis mercredi, les contraintes sanitaires sont levées. Les spectacles reprennent sans jauge et avec du public debout. Mais l’inquiétude demeure
Comme l’avait annoncé le gouvernement, depuis mercredi, les concerts en intérieur peuvent reprendre à 75 % de leur capacité d’accueil. Pour les salles accueillant moins de 1 000 personnes, le public doit porter un masque. Dans les autres, ce n’est plus obligatoire, mais un pass sanitaire est exigé à l’entrée. Si ces annonces sont plutôt une bonne nouvelle, l’enthousiasme n’est pas encore tout à fait complet.
Selon le producteur Matthieu Drouot (Gérard Drouot productions), « le public reste inquiet. Il n’a pas forcément peur du virus, mais, plutôt, de ne pas pouvoir être remboursé. » Selon lui, l’effet pass sanitaire s’est fait ressentir pour les Nuits de Fourvière, qui se tiennent jusqu’au 30 juillet à Lyon (Rhône) : « En mai, nous avons vendu les 1 500 places le jour de l’ouverture de la billetterie. En juin, nous avons pu rajouter 1 500 places après les nouvelles réglementations, avec la condition d’un pass sanitaire valide. Mais là, nous n’avons vendu que 600 places… » Les festivals qui ont commencé fin juin et qui se tiendront jusqu’en septembre font office de banc d’essai. Les professionnels du secteur attendent les premiers concerts en salle qui se tiendront ce week-end pour se faire une idée, et espèrent qu’il n’y aura pas trop d’absentéisme dans les grandes enceintes.
De leur côté, les artistes se réjouissent à l’idée de retrouver leur public, même s’ils ont parfois du mal à saisir pourquoi il n’est pas physiquement au rendez-vous. Les retrouvailles se font toutefois « avec beaucoup d’émotion, comme ce fut le cas pour Jeanne Added au Printemps de Bourges [dans le Cher] » le 23 juin, nous confie Joran Le Corre, tourneur et directeur artistique (Wart Music). La reprise des concerts à la rentrée s’organise, même si beaucoup de spectacles ont déjà été reportés à 2022, voire à 2023. C’est notamment le cas de ceux des artistes internationaux, puisque les contraintes sanitaires et de quarantaine diffèrent dans chaque pays, ce qui rend complexe l’organisation. La tournée d’adieux d’Elton John, reportée en octobre à Paris, aura, elle, « normalement lieu sans problème », précise Matthieu Drouot.
Tous ces reports posent aussi la question des disponibilités des salles : ne va-t-il pas y avoir un embouteillage si tous les concerts reprennent en même temps ? Va-t-on voir une offre démesurée de spectacles dans les mois à venir ? Tous les professionnels confient que c’est le cas, surtout dans les salles parisiennes comme La Cigale, L’Olympia, Le Trianon, contrairement à des Zénith dans des villes de province comme Saint-Étienne (Loire) ou Pau (Pyrénées-Atlantiques), qui ont encore des disponibilités. Le calendrier de L’Olympia serait déjà complet jusqu’à la fin de l’année 2022.
Mais les professionnels du secteur tentent de rester optimistes. Tous ont hâte de retrouver les salles et le public, qui leur semble également dans l’attente et la frénésie de vibrer à nouveau « en présentiel ». « La chance, si je puis dire, dont nous avons bénéficié, c’est la confiance que nous a toujours accordée le public, en conservant ses billets des mois durant et en restant patient », reconnaît Matthieu Drouot.
Les artistes se réjouissent de retrouver leur public, mais ne comprennent pas pourquoi il n’est pas physiquement au rendez-vous.