Des fabricants veulent défendre les masques « made in France »
Alors qu’ils produisent aujourd’hui 100 millions de masques par semaine, les fabricants français lancent un appel au gouvernement
Aujourd’hui, les Français tombent le masque en extérieur. Depuis plus d’un an, il fait partie de leur quotidien. En mars 2020, il était même devenu un objet de convoitise, tant il en manquait et il était dur de s’approvisionner, notamment auprès des pays asiatiques. « Il nous faut produire davantage en France, sur notre sol », avait alors plaidé Emmanuel Macron, en visite dans une des quatre entreprises de production de masques FFP2, près d’Angers. Ce « made in France », le gouvernement semble l’avoir oublié. C’est en tout cas le sentiment du syndicat des fabricants français de masques. « Il a demandé que l’on crée cette filière de masques français, les industriels se sont mobilisés et, maintenant, on ressent un manque de soutien. Typiquement dans les appels d’offres publics, là où on postule, il y a un critère prix qui est trop excessif. Du coup, les personnes qui remportent les marchés sont des importateurs de produits asiatiques », déplore Alexandra Biescas, la secrétaire générale du syndicat basé à Flourens, dans l’agglomération toulousaine. Et la concurrence est rude (lire l’encadré). Une production de masse, sans compter le dumping, qui a fait baisser le prix du masque de 4 centimes en 2019 à 1,8 centime d’euros aujourd’hui.« Cela ne nous laisse aucune chance de pouvoir sauvegarder cette filière et faire en sorte qu’on soit au rendez-vous, s’il y a une prochaine crise, plaide Alexandra Biescas. On a besoin que toutes les administrations publiques fassent un effort, achètent français, ce qui leur garantit une filière d’approvisionnement, un savoirfaire, une empreinte environnementale réduite. »
Les Ateliers de la Haute-Garonne, la société spécialisée dans les rivets et vis utilisés en aéronautique où elle travaille, a fait le choix de se diversifier l’an dernier pour répondre à l’appel d’Emmanuel Macron. Elle a investi 22 millions d’euros dans une machine et participe à la production mensuelle de 100 millions de masques français, contre 3,5 millions avant la crise. Comme ses homologues, quand l’État a fait appel à eux pour fournir en urgence, ils ont mis les bouchées doubles, et embauché des personnes. Mais plutôt que des commandes ponctuelles, qui ne permettent pas de se projeter, les fabricants préfèrent qu’une souveraineté s’installe par des contrats longs, comme en Allemagne ou aux Pays-Bas, où les gouvernements les passent sur quatre ans. « La production française serait en mesure de couvrir la consommation actuelle de masques en France. Il ne fait pas oublier que cela crée de la valeur ajoutée en France et des emplois », rappelle Alexandra Biescas.