Le bitcoin est une affaire de confiance, selon l’influenceur Hasheur
À24 ans, Owen Simonin dirige Just Mining, la plateforme d’investissements dans les cryptomonnaies qu’il a créée en 2017. Par ailleurs, sur YouTube, il cumule les vues sous le nom de Hasheur. L’influenceur a passé vingt minutes avec nous.
Le président salvadorien, Nayib Bukele, a approuvé le 9 juin le bitcoin comme devise légale. Est-ce un jour de gloire pour les cryptomonnaies ?
Surtout sur le papier, parce qu’à l’échelle de l’humanité ça ne concerne que 6 millions de personnes – une goutte d’eau. Mais ça montre que le bitcoin est une vraie monnaie, qui remplit les trois fonctions définies par Aristote. C’est un moyen d’échange, une unité de compte et une réserve de valeurs.
Une réserve volatile, avec des cours instables…
Le bitcoin est très jeune. Donc c’est normal qu’il soit volatil. Mais, oui, c’est une monnaie avec une valeur organique. D’ailleurs, s’il vaut plus de 34 000 $ [environ 28 500 €] à l’instant où je vous parle, c’est parce que des millions de personnes sont d’accord pour dire que c’est son prix.
Dans le même temps, la Chine suspend le minage de cryptomonnaies dans le Sichuan.
Le monde se divise-t-il entre pro et anti-bitcoin ? Personne ne sait ce que la Chine a derrière la tête. On a l’impression que ce qui l’embête, ce n’est pas le bitcoin, mais ce système très libre, cette blockchain qui fonctionne sans Dieu, sans organisme central omnipotent. N’est-ce pas le coût environnemental du minage qui motive cette décision ?
C’est une excuse. Le bitcoin consomme de l’énergie, c’est vrai, mais c’est à ce jour l’une des rares ressources que l’homme sait générer de façon renouvelable. Ce débat est dénué de sens, mais il fait parler. Et le bitcoin a besoin qu’on parle de lui pour que les gens le comprennent mieux.
Plusieurs pays, notamment la Chine, travaillent à créer leur monnaie numérique de banque centrale. Doit-on s’inquiéter de leur émergence ?
La blockchain est comme une pioche. C’est un outil merveilleux, qu’on peut aussi enfoncer dans le crâne de son voisin. Ce que je veux dire, c’est qu’à travers son projet de e-yuan la Chine peut faire une cryptomonnaie neutre, transparente pour le peuple et pour l’État, mais on aura sans doute un eyuan très différent. À ce stade, il faut reconnaître qu’on n’en sait rien.
De son côté, la Banque centrale européenne réfléchit à la version numérique de l’euro, qui mettra, assure-t-elle, la protection de la vie privée au centre de ses préoccupations. Est-ce crédible ? Pour moi, ce sera quand même une restriction. Moins grave qu’en Chine, parce que, ici, on protège la liberté de penser. Mais on peut imaginer que, grâce à cette version numérique de l’euro, les gouvernements auront une visibilité sur tout, pourront récupérer la TVA facilement, lutter contre le travail au noir. Ils vont balayer un pan de l’économie qu’ils ne maîtrisaient pas jusque-là. Aujourd’hui, avez-vous l’impression que le grand public a confiance dans le bitcoin ?
Non, parce qu’on a confiance dans le bitcoin que si l’on comprend son fonctionnement. Si, vous et moi, on ne se connaît pas, on va pouvoir, grâce à cette technologie, se faire confiance lors d’une transaction, parce que l’algorithme, transparent et agnostique, l’encadre. Mais beaucoup de personnes associent confiance et stabilité. Or le bitcoin peut perdre 50 % de sa valeur ce soir, sa technologie n’en sera pas moins fiable et sécurisée. Une personne qui a compris ce mécanisme va savoir que la confiance qu’on a dans le bitcoin vient du protocole et de sa nature.
« Le bitcoin peut perdre 50 % de sa valeur ce soir, sa technologie n’en sera pas moins fiable et sécurisée. »