20 Minutes (Toulouse)

Les lecteurs nagent en eaux troubles

Le romancier Patrice Gain remporte le prix Quais du Polar - « 20 Minutes » avec son venimeux « Sourire du scorpion »

- Caroline Girardon

Une sortie familiale qui vire rapidement au cauchemar. Et tout un monde qui bascule. Celui de l’adolescenc­e, celui des illusions, celui de l’insoucianc­e. Avec cette sensation que le danger n’est pas forcément là où on l’attend. L’univers angoissant et venimeux du Sourire du scorpion (éditions Le Mot et le reste) permet à Patrice Gain de décrocher, ce vendredi*, le prix Quais du Polar - 20 Minutes. Profession­nel de la montagne, ingénieur en environnem­ent, l’auteur haut-savoyard succède ainsi à Thomas Cantaloube, auréolé l’été dernier.

Dès les premières lignes, le lecteur est invité à se glisser dans la peau de Tom, le narrateur. L’adolescent, âgé de 15 ans, voue une admiration sans bornes à sa jumelle, Luna, bien plus hardie et téméraire que lui. Bien moins effacée aussi. Tous deux ont été élevés par des parents bohèmes, aimant parcourir le monde à bord de leur camion, au gré des saisons et de leurs envies.

Retour à l’été 2006, au Monténégro. Le cadre est idyllique. La nature, spectacula­ire. Les gorges de la Tara, envoûtante­s. Accompagné­e de son guide, Goran, la famille s’apprête à descendre la rivière en rafting. Malgré une apparente légèreté, l’atmosphère se révèle pesante. La chaleur écrasante laisse présager une menace sourde, invisible.

Un mauvais pressentim­ent annonçant un drame imminent. Patrice Gain construit son roman en deux parties. La seconde projette le lecteur quelques années plus tard. Le canyon, dont on s’est échappé avec soulagemen­t, est désormais un mauvais souvenir. Retour au calme ? Non, l’ambiance s’installe au fil des pages encore plus noire, plus sournoise. Les personnage­s vont se révéler, présentant un visage pour le moins inattendu. Puis le récit trouble prend une tournure plus politique, et encore plus dramatique. Nous n’en dirons pas davantage pour conserver le suspense intact, si ce n’est que le romancier s’est inspiré d’une histoire bien réelle, survenue dans la région lyonnaise. La fin, chefd’oeuvre de noirceur, rappelle encore une fois que le plus grand prédateur n’est pas forcément celui auquel on pense…

* Le prix est remis à 12 h 30, au Palais de la Bourse, Lyon (2e). L’événement est ouvert au public.

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Le Mot et le reste Patrice Gain.
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